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Full text of "MIE 04,1 Prince Toussoun, Omar - Mémoire sur les anciennes branches du Nil, Époque ancienne (1922)"

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MÉMOIRES 

PRÉSENTÉS 

A L’INSTITUT D’ÉGYPTE 

ET PUBLIÉS SOUS LES AUSPICES 
DE 

SA MAJESTÉ FOUAD F", ROI D’ÉGYPTE 


TOME QUATRIÈME 

(premier fascicule) 


s. A. LE PRINCE OMAR TOUSSOUN 

MÉMOIRE 

SUR LES 

ANCIENNES BRANCHES DU NIL 

ÉPOQUE ANCIENNE 


LE CAIRE 

IMPRIMERIE DE L’INSTITUT FRANÇAIS 
D’ARCHÉOLOGIE ORIENTALE 


1922 



















MEMOIRES 

DE 

L’INSTITUT D’ÉGYPTE 


TOME QUATRIÈME 


V 























MÉMOIRES 

PRÉSENTÉS 

A L'INSTITUT D’ÉGYPTE 

ET PUBLIÉS SOUS LES AUSPICES 
DE 

SA MAJESTÉ FOUAD 1^ ROI D’ÉGYPTE 


TOME QUATRIÈME 



LE CilRE 

IMPRIMERIE DE L’INSTITUT FRANÇAIS 
D’ARCHÉOLOGIE ORIENTALE 


1922 


















MEMOIRE 


SUR LES 

• ' 

ANCIENNES BRANCHES DU NIL 

PAR 

LE PRINCE OMAR TOUSSOUN 


ÉPOQUE ANCIENNE 

I 


... . 














A LA MÉMOIRE 


DE FED 


SA HAUTESSE LE SULTAN D’ÉGYPTE 

HUSSEIN KAMEL 


FONDATEUR 

DE LA SOCIÉTÉ SULTANIENNE D’AGRICULTURE 
SURNOMMÉ ffLE PÈRE DU FELLAH’’ 

AVEC LE SORT DUQUEL LE NIL EST SI ÉTROITEMENT LIÉ 
CET OUVRAGE EST RESPECTUEUSEMENT ET AFFECTUEUSEMENT DÉDIÉ 

DE LA PART 

DE SON TRÈS SINCERE ET TRES DÉVOUÉ NEVEU ET GOLLARORATEÜR 


OMAR TOUSSOUN 






















i i 


PRÉFACE. 


Le cours du fleuve sur le rivage duquel s’est développée une des plus 
anciennes et des plus riches civilisations du monde, a été décrit par 
plusieurs écrivains de l’antiquité; il suffira de rappeler' Hérodote, 
Diodore, Strahon, Pline, Ptôlémée. 

Mais les données transmises par la tradition littéraire ne nous ren¬ 
seignent pas toujours d’une façon détaillée et précise sur la position, la 
longueiLT, le parcours des diffiérentes branches du Nil. Ceci a poussé la 
science moderne vers l’analyse de ces données pour les contrôler d’après 
l’étude des conditions actuelles du terrain. 

Parmi les savants qui ont tâché cïéclaircir l un ou l autre des points 
qui se rattachent à ce problème de géographie historique, il Jaut citer 
Du Bois-Aymé, Mémoire sur les anciennes branches du Nil (Descrip¬ 
tion de l’Égypte. Antiquités, Mémoires, t. I, p. sOj-ago); Lancret, 
Notice sur la branche Ganopique (ibid., t. 1, p. aSi-aSà), et Mah¬ 
moud PACHA el-Falaki, Mémoire sur l’antique Alexandrie,]?. 8o-8g. 

Ayant été amené par diverses circonstances à examiner cette ques¬ 
tion, je me suis trouvé sur certains points en désaccord avec mes de¬ 
vanciers. Par conséquent il m’a paru utile de les consigner dans le 
présent mémoire. 





















INTRODUCTION. 


Le nombre de bouches et, par conséquent, de branches du Nil 
semble avoir varié aux différentes époques de l’antiquité. 

Ainsi dans les temps reculés il paraît qu’il n’y en avait que trois : 

i" La Pélusiaque, limitant le Delta à l’est; 

9® La Sébennytique, le fendant par le milieu; 

3** La Ganopique, le limitant à l’ouest. 

Hérodote (45o ans avant J.-G.) nous en signale cinq comme suit ; 

1 “ La Pélusiaque; 

2 ° La Saïtique; 

3° La Mendésienne; 

4“ La Sébennytique; 

5° La Ganopique. 

Quant à la Bucolique, branche de Damiette, au-dessous de Sa- 
mannoud, et la Bolbitine, branche de Rosetle, au-dessous de Zawiet 
el-Bahr, il nous dit qu’elles sont de simples canaux, creusés par la 
main de l’homme; il est plus que probable que si elles avaient existé 
a son époque à l’état de branches, Strabon et les auteurs de son 
temps (i®'’ siècle après J.-G.) n’auraient trouvé qu’elles seules, à 
1 état de branches, comme de nos jours, car au moment de l’invasion 


















-VIII )•€-*- 


arabe, six siècles après, toutes les autres branches avaient déjà dis¬ 
paru depuis quelque temps ou étaient réduites a letat de simples 
canaux. En effet, ces deux branches, ayant une pente plus forte et 
un cours plus direct que les autres, par rapport au courant du fleu¬ 
ve, ont fini graduellement par attirer toutes les eaux dans leur lit, 
et gagner en importance ce qu’elles ont fait perdre aux autres en les 
réduisant à l’état où nous les voyons aujourd’hui. 

Strabon et les auteurs de sa période en mentionnent sept, dont 
les bouches sur la mer de l’est à l’ouest étaient : 

1 “ La Pélusiaque; 

2“ La Tanitique; 

3° La Mendésienne; 

4° La Phatmélique; 

5° La Sébennytique ; 

6° La Bolbitine; 

7 ° La Ganopique. 

Plusieurs de ces branches, ainsi que leurs bouches, avaient d’au¬ 
tres noms : 

La Pélusiaque s’appelait aussi Buhastique; 

La Tanitique, Saïtique ou Gataptyste; 

La Phatmélique, Bucolique, Phatnitique ou Phohnétique; 

La Ganopique, Agathos Daimon, Naucratique ou Héracléotique. 

Le fleuve lui-même avait plusieurs noms : il était surnommé l’Ai¬ 
gle, et portait ceux d’Ægyptus, d’Océané, d’Astapus, de Triton et 
finalement celui de Nilus, duquel dérive son nom actuel de Nil. 


MÉMOIRE 


SUR 

LES ANCIENNES BRANCHES Dü NIL. 


CHAPITRE PREMIER. 


LES ANCIENNES MESURES. 

L’examen du sujet du présent mémoire m’ayant forcément amené à celui 
des anciennes mesures usitées dans le pays, je me suis vu obligé, à cause de 
leur importance, de leur consacrer un chapitre spécial. Celui-ci, quoique 
portant le n“ i, a été cependant écrit le dernier, et ce n’est qu’après avoir 
fixé les divers points, tracé les différents trajets et cours deau, les avoir 
mesurés, que j’eus l’idée de faire une comparaison générale entre toutes les 
mesures, afin de voir si les valeurs unitaires concordaient entre elles; j’eus la 
satisfaction de constater l’affirmative, et cela présente à mes yeux le meilleur 
argument en faveur de leur exactitude. 

Le système des anciennes mesures constitue un vrai labyrinthe, dans le 
dédale duquel il est absolument inutile d’aller conduire le lecteur, et dont il 
sortirait difficilement; qu'il me suffise de dire que la valeur métrique d’un 
stade variait de loo à 221 mètres; aussi me bornerai-je simplement ici à 
mentionner le résumé de mes observations et le système que j’ai suivi. Je ne 
parlerai que du stade, du schœne et du mille romain, parce qu’ils étaient 
les plus usités comme mesure de distance. 

Gomme base, je choisis les données de Strabon, parce que j’ai constaté 
que les détails que donne cet auteur sont supérieurs à tout autre par leur 
exactitude; je ferai quelquefois des comparaisons de ses mesures avec celles 

Mémoires de VInstitut Egypte ^ t. IV. ^ 















de Pline, lorsque ce sera possible, car je considère que ce dernier vient en 
second rang après lui sous ce rapport. 

Mon but était surtout de savoir si Strabon avait employé dans le Delta, 
pour ses mesures, un stade et un schœne d’une valeur uniforme. Je dis dans 
le Delta, parce que nous avons la distance de loo stades qu’il donne entre 
Syène et Phiiæ, et qui n’est que de ySoo mètres en ligne droite, et de i o.ooo 
par le fleuve, mais ceci se passe, d’après lui, en dehors de l’Égypte, dans une 
tout autre région. 

Il est vrai qu’il nous dit avoir observé, dans le Delta, l’emploi de schœnes 
de 3 o à 4 o stades et plus, mais ceci ne pouvait pas l’empêcher, ainsi que nous 
allons le démontrer, d’employer un stade et un schœne d’une valeur uniforme 
dans toutes ses mesures. 

Le système que j’ai suivi était de mesurer les distances entre les différents 
points qu’il nous citait, connus aujourd’hui d’une façon précise, et de les diviser 
par le nombre de stades ou de schœnes qu’il nous mentionnait, afin de savoir 
si le résultat de cette opération nous donnerait une valeur unitaire uniforme 
pour chacune des deux mesures que je crois avoir été employées pour le me¬ 
surage dans le Delta. 

Le lecteur jugera si j’ai réussi ou non. 

L’infaillibilité ne faisant pas partie de la nature humaine, je ne saurais m’en 
prévaloir, surtout en matière de chiffres, et comme il s’agit d’événements se 
passant à des siècles de nous, je me borne simplement à consigner ici ce que 
j’ai pu constater au cours de mes recherches, en laissant aux personnes plus 
savantes que moi le droit de les apprécier. 

LE STADE. 

Je ne mentionne ici que les mesures des distances; quant aux raisons pour 
l’adoption de tel ou tel trajet, elles sont indiquées chacune dans leur chapitre 
respectif. 

Les distances en stades que Strabon nous donne entre des points qui nous 
sont connus aujourd’hui sont les suivantes : 

1° La distance du trajet en ligne droite du Catabathmus (Solloum) au 
Parætonium et à Alexandrie, 2200 stades; 


— 3 


2° La distance en suivant le littoral, c’est-à-dire la base de l’ancien Delta 
entre les bouches Pélusiaque et Ganopique, i 3 oo stades; 

3 ° La distance entre l’ile de Pharos et la bouche Ganopique, 1 5o stades; 

U° La distance entre Alexandrie et Ganope, 120 stades. 

Voici ce que nous trouvons actuellement entre ces divers points : 


i''® distance. 45 o.ooo mètres. 

2® — 258.000 — 

3 ® — 28.900 — 

à' — 23 .F)oo — 

Ges chiffres, divisés par leur nombre respectif de stades, nous donnent : 

i’’® distance. 45 o.ooo mètres : 2200 stades = 2o4 mètres. 

2® — 258.000 — : i 3 oo — —198 — 

3 ' — 28.900 — : i 5 o — =192 

4 ® — 23.5oo — : 120 — =193 — 


Le plus grand écart entre ces cliiflres est celui de la plus grande distance 
avec les autres, mais, vu sa longueur, on ne peut pas dire qu’il soit considé¬ 
rable; pour les trois dernières il est insignifiant, et la moyenne des quatre fait 
197; or le stade se raf)prochant le plus de cette mesure est le stade olym¬ 
pique de 192 m. 27, et c’est indubitablement celui que Strabon a employé 
pour ses mesures dans la Basse-Égypte. 

Le résultat le plus remarquable de l’application de ces mesures est celui 
observé dans l’évaluation de la distance de l’île de Pharos à la bouche Gano¬ 
pique, où nous trouvons exactement 192 m. 66, soit 0 m. 69 de plus que le 
stade olympique de 192 m. 27. 

A titre de renseignement, je mentionnerai ici que le cours du Nil, entre le 
sommet du Delta et la cataracte de Syène, mesurait, d’après Strabon, Aooo 
stades; cette distance étant actuellement d’environ 900 kilomètres, cela ferait 
revenir le stade à 226 mètres. Par conséquent l’idée de l’emploi d’un stade 
inférieur à celui de 192 m. 27 doit être totalement abandonnée. 

Le mesurage que nous donne Pline de cette même distance se rapproche 
sensiblement de celui que nous trouvons actuellement, car il nous le donne 
pour 600 milles romains, lesquels, à 1Ù80 mètres, font 888 kilomètres. 






















LE SCHOENE. 



Les distances que Strabon nous donne en schœnes sont les suivantes : 

1° Du sommet du Delta à la bouche Ganopique, 28 scbœnes; 

2” Du même sommet à la bouche Pélusiaque, 25 schœnes; 

3 ° D’Alexandrie à Schédia, h schœnes; 

k° De Memphis au sommet de l’ancien Delta, 3 schœnes; 

5 ° De Sais à Naucratis, 2 schœnes. 

La première distance a été évaluée quelquefois comme étant celle du som¬ 
met du Delta à Alexandrie; à mon avis, cela n’est pas le cas, et c’est à la 
bouche Ganopique qu’elle se terminait, pour la raison suivante : en sortant 
d’Alexandrie, il donne la description de toute la côte du Delta, puis il remonte 
dans l’intérieur des terres, en donne la description et finit par celle de 1 ouest 
du Delta. Ensuite il nous dit : cfTels sont les détails qu’une description mé¬ 
thodique des lieux relève dans l’intervalle d’Alexandrie au sommet du Delta r. 
Ges mots ne se réfèrent pas au trajet d’Alexandrie au sommet du Delta seule¬ 
ment, mais à toute la région décrite, car une fois sorti d’Alexandrie, il n’y 
revient plus, et, en décrivant l’ouest du Delta, il part de Schédia, circule en 
dedans et en dehors du Delta, va jusqu’à Naucratis, puis tourne à l’est jusqu’à 
Sais, sur la branche Bolbitine; donc, il ne fait pas de trajet direct entre Alex¬ 
andrie et le sommet du Delta. Ensuite il nous dit « qu’Artémidore estime 
que la distance quand on remonte le fleuve jusque là (sommet du Delta) est 
de 28 schœnes 11. Or le fleuve (branche Ganopique) ne touchait pas Alexan¬ 
drie et avait son cours du sommet du Delta à la mer; le fait aussi qu’il nous 
indicjue. immédiatement après, la distance de ce même sommet à la bouche 
Pélusiaque montre d’une façon indéniable qu’il a voulu donner par ces deux 
mesures les deux côtés est et ouest du Delta. 

Quant au nombre de stades, 84 0, qu’il nous donne à raison de 3 o par 
schœne pour les 28, il est absolument insuffisant pour le cours de la branche 
Ganopique et à plus forte raison jusqu’à Alexandrie, qui est plus éloignée, et, 
comme l’a dit fort justement Letronne dans sa note sur la traduction de 


— 5 — 


Strabon, en les convertissant en stades de la dimension la plus grande que 
l’antiquité ait connue, on n’arrive pas au chiffre relaté; Strabon donne les 
distances en schœnes d’après Artémidore; pour les convertir en stades il prend 
comme base le schœne d’une valeur de 3 o stades; mais le chiffre de 84 0 sta¬ 
des c[ui en résulte pour la distance entre le sommet du Delta et la bouche 
Ganopique doit lui avoir paru trop inférieur à la réalité. En effet, s’il ne le 
dit pas explicitement, il laisse deviner quArtemidore a pu se referer a un 
schœne comprenant un nombre de stades supérieur à 3 o, car immédiatement 
après il ajoute que la valeur du schœne n’est pas unique, elle varie de heu 
en lieu; on en trouve de 4 o stades et même davantage. 

11 y a évidemment une erreur, d’où une rectification a faire; or cette rectifi¬ 
cation nous la trouvons dans Strabon lui-même. 

Au commencement du livre XVII, en décrivant le cours général du Nil 
d’après Eratosthène, il nous dit que depuis la cataracte de Syene, qui seiait 
d’après lui la frontière entre l’Égypte et l’Éthiopie, ledit cours a, jusqu’à la 
mer, 53 oo stades; il est hors de doute que du sommet du Delta jusqu’à la 
mer il suivait la branche Ganopique, comme étant la plus importante de 
toutes celles du fleuve. 

Un peu plus loin, il nous dit que du sommet du Delta a la limite méridio¬ 
nale de l’Égypte, le cours du Nil a 4 ooo stades, ce qui nous laisserait, pour la 
longueur de la branche Ganopique, i 3 oo stades; Hérodote nous donne 1260 
stades pour cette même distance. Gonnaissant maintenant la longueur qu il 
nous donne de cette branche en stades et en schœnes, il nous suffira de divi¬ 
ser les premiers par les seconds pour connaître le nombre de stades qu d 
donnait à son schœne; en faisant cette opération, nous avons i 3 oo : 28 = 46 
stades. 

Le résultat général auquel nous allons arriver a la fin va etre un schœne 
de 45 stades. Gette différence d’un stade provient de la raison suivante : ces 
1 3 00 stades, Strabon les donne d’après Ératosthène; or celui-ci probablement 
n’employait que le stade de i 85 mètres, ce qui pourrait etre confirme par 
le mesurage de la branche Ganopique sur ma carte, qui se trouve etre de 
242.000 mètres, et les i 3 oo stades à i 85 mètres font 24 o. 5 oo métrés; 
mais, SI Strabon avait donné le nombre de stades d apres celui qu il employait, 
le résultat aurait été: 28x45=1260 stades. 














— 6 — 


La valeur métrique du schœiie dans cette distance se trouve donc être de 
2/12.000 : 28 = 8643 mètres. 

La deuxième distance, du sommet du Delta à la branche Pélusiaque, telle 
que cette branche est tracée sur notre carte par le cours B, nous donne 211 
kilomètres; la distance étant de 26 schœnes, nous avons 211.000: 25 = 844 o 
mètres pour la valeur de cette distance. Quant au nombre de stades signalé 
par Strabon, les mêmes objections mentionnées dans la distance précédente 
s’appliquent également à celle-ci. 

La troisième distance, d’Alexandrie à Scliédia, doit être la voie du canal 
entre ces deux villes pour les raisons suivantes : il commence à nous parler 
du canal, puis il nous dit : a On va sur ce canal à Schédia, en suivant la 
branche qui va joindre le grand fleuves; il passe ensuite à la description des 
lieux situés sur le canal, enfin il nous dit qu’il y a 4 schœnes entre les deux 
villes. 11 me semble qu’après cela une autre interprétation ne saui’ait être 
admise. Or les collines d’El-Nechouel-Bahri, qui représentent, d’après Mahmoud 
pacha el-Falaki, l’emplacement de Schédia, se trouvent en face du kilomètre 
4 i du canal Mahmoudieli et le Pont Zulficar, qui est, d’après son plan de 
1 antique Alexandrie, le point où l’ancien canal entrait sous l’enceinte de la 
ville, et par conséquent le point terminus ou de départ de la navigation se 
trouve être au kilomètre 75,600, ce qui fait une distance de 34.5oo mètres, 
lequel chiffre divisé par 4 nous'donne 8626, qui représente la valeur métri¬ 
que du schœne de cette distance. 

Ce j)oint terminus du canal nous est confirmé par le fait suivant : 

Une inscription bilingue, latin et grec, en deux exemplaires, dont l’un 
est à Vienne et l’autre à Alexandrie, nous apprend que l’empereur Auguste 
aurait fait recreuser le canal, de Schédia à Alexandrie, sur une longueur de 
26 milles romains, soit 87.000 mètres. Or, la longueur du canal Mahmou- 
dieh, à partir du Pont Zulficar, en y comprenant le tronçon du canal de 
Menchat Boulin, qui faisait partie de celui de Schédia, jusqu’à la branche 
Canopique sur ma carte, et qui représentait exactement l’ancien canal, se 
trouve être actuellement de 36 . 5 00 mètres. 

La quatrième distance, de Memphis au sommet de l’ancien Delta tel que 
nous le fixons dans le chapitre y relatif, est de 26.800 mètres, ce qui divisé 
par 3 donnerait 8600 mètres pour la valeur métrique du schœne. 


La'cinquième distance, de Sais à Naucratis, se trouve être actuellement de 
18 4 oo mètres; mais ainsi qu’il est su de tout le monde en Egypte, la tei’re 
formée par les amas de décombres de ces anciennes villes est employée com¬ 
me engrais en grande quantité par les cultivateurs, et aussitôt une jiartie 
déblayée, elle est nivelée et mise en culture; par conséquent la superficie de 
ces anciennes villes se trouve être considérablement réduite aujourd’hui. Or, 
la ville de Sais, qui était autrefois d’une importance considérable, ayant été à 
un certain moment la capitale de l’Egypte, se trouve être dans le même cas, 
et ses ruines n’ont à l’heure actuelle que 4oo mètres d’extension, ce qui est 
absolument insuffisant pour sa grandeur passée ; de plus, la distance de ces ruines 
à la branche de Rosette est maintenant de 1600 mètres, et il est incontestable, 
comme cela semblerait naturel, qu’une ville de cette importance devait sinon 
toucher le fleuve et être sur ses bords, ou pour le moins s’avancer considéra¬ 
blement dans sa direction et s’en trouver à une distance inférieure à celle 
que nous trouvons actuellement. Pline la nomme parmi les villes renommées 
qui étaient situées sur les branches du fleuve. 

Pour ces raisons on serait certainement plus près de la vérité en déduisant 
800 mètres au moins de la distance présente entre les deux villes, ce qui la 
réduirait à 17.600 mètres, lesquels divisés par 2 feraient 8800 pour la valeur 
métrique du schœne de cette distance. 

La carte de l’Expédition française place les ruines de la ville à 85 o mètres 
du fleuve. 

En récapitulant la valeur métrique des schœnes de ces différentes distances, 
nous avons : 

1“ Du sommet de l’ancien Delta à la bouche Canopique .. 8643 mètres. 


2° Du même sommet à la bouche Pélusiaque. 844 o — 

3 ” D’Alexandrie à Schédia. 8626 — 

4° De Memphis au sommet de l’ancien Delta. 8600 — 

5 ° De Sais à Naucratis.• 8800 — 

Moyenne . 8622 mètres. 


On observera que la mesure des schœnes de la branche Pélusiaque et celle 
de Sais à Naucratis diffère un peu des autres; mais il y a lieu de remarquer 
que pour la branche Pélusiaque, son cours de l’extrémité du canal Gandal à 




















— 8 — 


la mer ne nous est connu que d’une façon tout à fait imparfaite, et il suffirait 
que le cours que nous avons tracé fasse quelques détours en plus pour le 
faire allonger et remonter la mesure de son schœne au niveau des autres. 

Quant à la distance de Sais à Naucratis, si, comme je le suppose, la ville 
de Sais s’étendait davantage dans la direction du fleuve, cela diminuerait sen¬ 
siblement la distance qu’on trouve entre les deux villes et rapprocherait égale¬ 
ment son schœne des valeurs déjà trouvées. 

Je ne mentionne toutefois ces observations que pour mémoire, en laissant 
le tout comme il était. 

L’écart entre ces différents chiffres n’étant pas considérable, on peut ad¬ 
mettre que leur moyenne le représente réellement. 

Connaissant maintenant la valeur métrique du stade de Strabon, soit 19a 
m. a 7, et çelle de son schœne, 86 a a, il ne nous reste plus qu’à diviser le second 
par le premier pour avoir le nombre de stades qui composait son schœne ; en 
faisant cette opération nous obtenons exactement üà,8à, ou 45 en chiffres 
ronds, lesquels, multipliés par i9a,a7 = 865 a,qui devait être la valeur mé¬ 
trique du schœne qu’il employait dans le Delta. 

LE MILLE ROMAIN. 

Les variations entre les différents auteurs concernant le mille romain ne 
sont pas considérables; la majorité s’étant j)rononcée pour une valeur métri¬ 
que de i 48 o, c’est celle-ci que nous emploierons dans le présent mémoire. 


# 


CHAPITRE II. 


L’ANCIEN SOMMET DU DELTA. 

Il convient tout d’abord de fixer l’ancien sommet du Delta, avant de parler 
des branches qui en dérivaient. 

Cet ancien sommet était plus au sud que l’actuel, et, à mon avis, cela ne 
pouvait être que la pointe méridionale de l’île d’El-Warraq en face de Chou- 
bra. Cette île est très grande et a toutes les apparences d’avoir fait partie, 
dans les temps passés, de la terre ferme, et d’avoir été la presqu’île qui di¬ 
visait les branches Pélusiaque et Canopique, ainsi qu’il va être démontré. 

Du Bois-Aymé, dans son Mémoire sur les anciennes branches du Nil [Descrip¬ 
tion de l’Egypte), fixe ce sommet à l’embouchure du canal Aboul Menagga, 
au-dessous de l’île d’El-Warraq, et à 8700 mètres au nord de sa pointe méri¬ 
dionale, alors que cette pointe se trouve être à peu près à la distance que nous 
donne Strahon de Memphis et à une plus grande que celle indiquée par 
certains auteurs; il reconnaît d’ailleurs, sous ce rapport, la défectuosité de la 
position qu’il préconise, par le passage suivant : 

et L’origine du canal, d’ailleurs, peut bien avoir varié de quelques mètres, 
et n’être pas précisément aujourd’hui à l’endroit où le Nil se divisait autrefois 
en deux branches pour former le Delta; mais je serais plutôt porté à reculer 
encore ce point vers le sud qu’à l’avancer au nord, d’après ce que nous avons 
dit de sa distance à Memphis. ^ 

En outre, le départ d’une branche aussi importante que la Pélusiaque, de 
derrière une île de cette façon, ne me paraît pas acceptable, et je suis con¬ 
vaincu, abstraction faite d’autres considérations qui vont être énumérées ci- 
après, qu’un coup d’œil aux deux cartes ci-jointes indiquant les deux positions, 
fera ressortir la ressemblance de cette pointe avec celle qui divise actuellement 
les deux branches de Rosette et de Damiette et certainement donnera la 
préférence à celle d’El-Warraq (pl. A et VI). 

Mémoires de VInstitut Egypte, t. IV. . 2 













— 10 — 


• A l’appui de son assertion, Du Bois-Aymé dit que rembouchure du canal 
d’Aboul Menagga se trouve sous le même parallèle qu’Héliopolis, laquelle était 
vis-à-vis de Cercésura, qui était en face du point de division du Nil. 

Examinons maintenant ce que les anciens auteurs nous racontent à ce su jet. 

Hérodote et Strabon nous disent que Cercésura, sur la rive libyque, était 
en face de la pointe du Delta; Strabon ajoute quelle se trouvait juste en 
face, non d’Héliopolis, mais de l’Observatoire d’Eudoxe, qui était, toujours 
d’après lui, en avant de la ville, c’est-à-dire à une certaine distance au sud 
de celle-ci. 

Quant à la signification des mots tten avant d’Héliopolisvoulant dire la 
direction du midi, cela ne fait pas l’ombre d’un doute, car au commencement 
du paragraphe il écrit : «à Héliopolis commence la partie du cours du Nil 
■ dite au-dessus du Deltas. 

Or, aujourd’hui le parallèle de l’obélisque d’Héliopolis passe à 5 oo métrés 
au sud de celui de l’embouchure du canal Aboul Menagga; la ville devait 
certainement s’étendre encore au sud de l’obélisque, puis, nous avons encore 
la distance de la ville à l’Observatoire, et, après cela, je suis sûr quon ad¬ 
mettra c|ue le parallèle de Cercésura et de 1 Observatoire cl Eudoxe ne devait 
pas être éloigné de la pointe de l’ile d’El-Warraq. 

Voyons maintenant la distance que les anciens historiens nous donnent du 
sommet du Delta à Memphis. 

Voici ce que nous disent Strabon, Pline et Ptolémée : 

Strabon nous dit c|u’il y a 3 schœnes de ce sommet a Memphis, lesquels 
multipliés par 865 î 2, valeur du schœne ainsi c[ue nous lavons fixe dans le 
chapitre précédent, font aB.gbb mètres. 

Pline donne i 5 milles romains comme étant la distance entre ces deux 
points; la valeur du mille romain étant de ikSo mètres, cela nous donne en 
chiffres ronds 22.200 mètres, soit 3766 mètres de moins que Strabon. 

Ptolémée met o°io' de latitude entre les deux points, ce qui, d’après la 
valeur métrique du degré de cet auteur, fait 20.600 mètres environ, soit 5456 
mètres de moins que Strabon. 

Nous devons passer maintenant à l’examen de la distance que nous trou¬ 
vons actuellement entre ces deux endroits. Connaissant l’emplacement de la 
pointe du Delta, examinons celle de Memphis. 


— 11 — 


D’après le Service des Antiquités, qui a bien voulu me fournir ce rensei¬ 
gnement, le village de Mit Rahineh occuperait le centre de Memphis, dont 
la limite nord s’étendrait à un kilomètre au delà de ce village; or de ce point 
nous avons 26.800 mètres jusqu’à la pointe de l’île d’El-Warraq, et 29.600 
mètres jusqu’à l’emhouchure du canal Aboul Menagga. Ces chiffres, il me 
semble, devraient faire donner la préférence au premier point. 

Pour la différence qui existe entre les évaluations de Strabon et des deux 
autres auteurs, on ne peut l’attribuer qu’à l’ignorance dans laquelle nous som¬ 
mes du point d’arrivée ou de départ de leurs mesurages du côté de Memphis, 
car nous savons que la ville avait d’immenses faubourgs. Il se peut, ainsi 
que nous en avons l’exemple avec 1 un deux, Pline, dans son mesurage de la 
bouche Canopique à Alexandrie, qu’ils aient fait partir ou arrêter le leur à un 
de ces faubourgs, pour que nous y trouvions cette différence. 11 est impossible 
de reculer davantage ce sommet vers le midi; non seulement l’état topogra¬ 
phique des lieux ne le permet pas, mais nous ne pouvons pas aussi éloigner 
au delà d’une certaine distance l’Observatoire d’Eudoxe d’Héliopolis, et Cer¬ 
césura avec. 

Quant à la différence que nous trouvons avec Strabon, soit 166 mètres, 
elle est tellement insignifiante qu’on peut se passer d’en parler. 

C’est pour toutes ces raisons qu’à mon avis, la pointe méridionale de l’île 
d’El-Warraq représente l’ancien sommet du Delta. 

















■ ■ 



CHAPITRE III: 


LA BRANCHE PÉLÜSIAQDE. 

Cette branche venait au deuxième rang, après la Canopique; elle remplis¬ 
sait à l’est les mêmes fonctions que l’autre à l’ouest; sa bouche était en quel¬ 
que sorte la porte de l’Égypte du côté de l’orient, et c’est par elle que tou¬ 
tes les invasions maritimes, de ce côté-là, se sont produites : c’est par elle 
qu’Alexandre fit entrer sa flotte lors de sa conquête du pays, et c’est à Péluse 
que Pompée fut assassiné. 

Le cours de cette branche commençait au somniet de l’ancien Delta, c’est- 
à-dire à la pointe méridionale de l’île d’El-Warraq, suivait le bras actuel du 
Nil passant à l’est de ladite île, puis le canal Aboul Menagga jusqu’à sa jonction 
avec le canal Sharkavvieh, puis: ce dernier jusqu’à Shibin el-Kanater; ce tracé, 
sauf pour la première section, est celui que Du Bois-Aymé a employé dans 
son mémoire. 

A partir de Shibin el-Kanater jusqu’au village de Mit Gaheish, au com¬ 
mencement du Bahr Facous, deux tracés sont possibles pour cette branche, 
chacun ayant ses partisans (pl. Vil). 

Le premier que je marque sur la carte comme cours A, après Shibin el- 
Kanater, suit le Bahr el-Shibini et, passant par Bilbeis, va s’amorcer au Bahr 
Facous à Mit Gaheish. Ce cours a pour lui l’avantage de remplir exactement 
les fonctions que les anciens auteurs attribuent à la branche Pélusiaque, soit 
de limiter le Delta du côté est, car il la limite d’une façon parfaite de ce côté- 
là. Mais il a contre lui le désavantage de passer à une distance trop grande de 
Bubaste, qui est employé souvent comme point de repère par les anciens au¬ 
teurs en parlant de cette branche, et la distance de 8 kilomètres à laquelle 
ce cours passe de la ville exclut pour cette dernière la possibilité d’être em¬ 
ployée comme tel. Sans ce motif, la préférence aurait dû être certainement 
donnée à ce tracé sur l’autre. 

Ce cours est celui qui a été adopté dans l’Atlas de VEgypt Exploration Fund. 











— 14 — 


C’est ce cours que Du Bois-Aymé a suivi, avec la différence que près de 
Bilbeis il lui fait faire un détour, C|ui est marqué en pointillé sur la carte, pour 
aller passer à-l’ouest de Bubaste et venir ensuite rejoindre le Bahr Façons; je 
donnerai plus tard mes observations sur ce détour. 

Le second, que je marque sur la carte comme cours B, après Shibin el-Ka- 
nater 'suit le Bahr el-Khalili, va rejoindre le Bahr Aboul Akhdar et le suit 
jusqu’au Bahr Facous à Mit Gaheish, lequel canal n’est que sa continuation, 
ce qui constitue indiscutahlement un point en sa faveur. L’avantage principal 
de ce cours consiste à passer à 2 kilomètres de Buhaste, ce qui répond exac¬ 
tement, d’après mon avis, à la position à laquelle elle devait être de la bran¬ 
che Pélusiaque; cette distance devait même être inférieure à cela dans les 
anciens temps, car la ville devait certainement s’étendre au delà des limites 
des ruines actuelles. Le désavantage de ce cours consiste à limiter moins bien 
que l’autre le Delta du côté de l’est. 

Mais somme toute, en bien pesant le pour et le contre des deux cours, 
c’est au dernier que je donne la préférence. 

Maintenant, en ce qui concerne le détour de Du Bois-Aymé, il ne le fait que 
parce qu’il dit que Bubaste était situé à l’est de la branche Pélusiaque et en 
dehors du Delta; il n’est pas le seul à émettre cette idée, que j’ai vue partagée 
par plusieurs auteurs modernes; étant d’un avis contraire, j’ai examiné assez 
minutieusement ce que les anciens auteurs disent à ce sujet, et j’avoue n’avoir 
rien trouvé dans leurs ouvrages, sauf Ptolémée, qui soit de nature à con¬ 
firmer cette thèse; bien au contraire, tout ce que j’ai vu n’a fait que me for¬ 
tifier dans mon opinion que Bubaste était à l’ouest delà branche et en dedans 
du Delta, quelle en était à proximité, mais non sur sa rive, c’est-à-dire 
exactement dans la position de Tell Basta par rapport au Bahr Aboul Akh¬ 
dar (cours B) tels qu’ils sont actuellement placés. 

D’ailleurs je vais passer successivement en revue ici ce que les anciens au¬ 
teurs disent à ce sujet. 

Hérodote est celui qui nous parle le plus longuement de cette fameuse ville, 
et du récit duquel on peut en tirer une déduction. 

En nous faisant le récit du trajet qu’on effectuait en harque pour aller aux 
fêtes de la ville, il ne dit pas par quelle branche on s'y rendait, cela pouvait 
être aussi bien la Pélusiaque que la Tanitique; aussi l’emploie-t-il comme point 


— 15 — 


de repère, tel que pour le départ du canal de la mer Bouge, ou pour les lieux 
habités par les Ioniens et les Cariens; tout ceci est de nature a nous faire 
connaître la proximité de la ville du fleuve, mais ne fournit rien qui puisse 
nous faire savoir si la ville était sur telle ou telle rive. 

Le seul passage duquel on pourrait tirer une indication, c’est celui où il fait 
une description de la ville et du temple ; en parlant de ce dernier, il nous dit que 
deux canaux dérivant du fleuve, d’une largeur de 100 pieds chacun, arrivent 
au temple sans se mêler l’nn à l’autre, et l’entourent. Si la ville était, ainsi 
que la place Du Bois-Aymé, à l’est de la branche Pélusiaque, celle-ci étant la 
plus orientale des hras du fleuve, les deux canaux ne pourraient tirer leurs 
eaux que d’elle ; or il me semble tout à fait improbable que deux canaux de 
cette importance puissent partir d’une branche à proximité d’une ville, placée 
au fond d’un cul-de-sac, ayant une partie de son périmètre entourée par la¬ 
dite branche, et venir la traverser; non seulement l’un d’eux n’aurait pas sa 
raison d’être, mais l’espace suffisant à leur développement n’existerait pas. 11 
me paraît aussi peu probable, dans le cas où la ville eût été sur la rive mê¬ 
me du fleuve, qu’Hérodote, qui a mentionné les deux canaux qui en d érivaient, 
n’aurait pas parlé du fleuve lui-même. 

L’explication de cette situation est, à mon avis, la suivante : la ville devait 
se trouver, ainsi que nous la plaçons, entre les deux branches Pélusiaque et 
Tanitique, les deux canaux devaient provenir chacun de l’une des deux bran¬ 
ches, se joindre en avant du temple, le contourner chacun d’un côté et ensuite 
traverser la ville. Ceci n’a rien de contradictoire avec le fait signalé par 
Hérodote que les deux canaux dérivaient du fleuve, car toutes les branches 
d’un fleuve lui appartiennent. 

Diodore de Sicile parle de la ville, sans qu’on puisse se faire une idée de 
sa situation. 

Strabon nous dit simplement c|u’elle était à peu de distance du sommet du 
Delta. 

Pline nous apprend quelque chose, car en nous fournissant la liste des villes 
renommées qui ont donné leur nom aux bouches du fleuve ou qui se trouvent 
situées sur ses branches, il ne la mentionne pas, quoiqu’il en cite qui lui sont 
certainement inférieures en importance ; ce qui voulait dire quelle n’était pas 
sur une branche, d’après lui. 













— 16 — 


Ptolémée dit quelle se trouvait à l’est de la branche Pélusiaque, mais les 
renseignements que nous donne cet auteur doivent être acceptés avec réserve, 
surtout après ce que nous savons de lui sur l’emplacement d’autres villes. 

Itinéraire d’Antonin, dans le trajet Péluse-Daplmé-Héliopolis, c’est-à-dire 
sur la rive orientale de la branche Pélusiaque, ne la mentionne pas, quoiqu’il 
cite d’autres villes qui sont moins importantes quelle. 

Voilà ce que nous racontent les anciens auteurs au sujet de cette ville cé¬ 
lèbre. 

Un autre inconvénient de cette déviation de Du Bois-Ayme, cest quelle se 
rapproche à se confondre avec le Bahr Moës, lequel représente la branche 
Tanitique, mais nous parlerons de ceci dans le chapitre concernant ladite 
branche. 

Après Mit Gaheish, le cours de cette branche suivait le Bahr Façons jusqu’à 
la ville de ce nom (Phacusa anciennement), qu elle laissait a sa droite. 

De ce point à Péluse, en premier lieu, et en l’absence de toute autre in¬ 
dication ou renseignement, j’avais adopté le tracé de Du Bois-Aymé. Mais 
après avoir vu le nivellement du Delta au Ministère des Travaux publics, je 
reconnus que ce tracé n’était pas exact, car l’élévation du sol qui, du sommet 
du Delta, suit mon tracé de cette branche, à partir de Facous, oblique légè¬ 
rement vers le nord, en laissant celui de Du Bois-Ayme au midi et suit a 
peu près le cours du canal Samâna, qui prend naissance du Bahr Facous, 
et puis celui du canal Gandal, qui est un tributaire du premier, et s arrête 
à l’extrémité de ce dernier canal. Ici nous tombons dans les bas-fonds du lac 
Menzaleh, et nous perdons toute trace de la branche. Mais fort heureusement 
pour nous, nous avons un point sur lequel nous pouvons nous reperer pour 
continuer notre tracé, c’est celui de la ville d’Héracléopolis parva, la métro¬ 
pole du nome Sethroite, que Ptolémée place dans sa Géographie a 1 est de la 
branche Pélusiaque. 

D’après le Service des Antiquités, la position de cette ville serait à Tell Bé- 
lim, mais je ne crois pas que ceci réponde à la réalité, et pour la raison sui¬ 
vante. 

]JItinéraire d’Antonin place Héracléopolis parva à mi-chemin, cest-a-dire a 
égale distance de Péluse et de Tanis, soit 22 milles romains, qui égalent 
82.560 mètres de chaque côté. Or ce qui répondrait mieux à cette position. 


— 17 — 

ce n’est pas Tell Bélim, mais un autre kom appelé Tell Ayid qui se trouve être 
à A kilomètres environ à l’est du premier et à une distance de 33 kilomètres 
de Tanis et de 82 des ruines de Péluse. Toutefois je ne mentionne ceci que 
pour mémoire, car cela n’a aucun effet sur le tracé de la branche qui va 
contourner les deux koms à l’ouest, suivant la description de Ptolémée. 

Donc, de l’extrémité du canal Gandal, en suivant l’alignement de l’élé¬ 
vation, qui était le cours naturel des eaux,' nous arrivons à l’ouest de Tell 
Bélim. 

Il y a d’ailleurs, dans la carte de l’Expédition française, dans cet intervalle 
et sur cet alignement, les traces d’un ancien canal, qui certainement devait 
représenter le lit de l’ancienne branche. Une fois arrivé à ce point, le seul 
tracé possible est de contourner les deux koms et de continuer jusqu’aux 
ruines de Péluse et à la mer. 

Voici les mesures comparatives de cette branche : 


Strabon. 25 schœnes x 8652 mètres —216.800 mèlres. 

Pline. 2 56 milles rom. X i 48 o — =878.880 — 

Actuellement. Cours B. 211.000 — 


La mesure de Pline est tellement disproportionnée qu’on est porté à croire 
à une altération de chiffres, car il nous a habitué à une plus grande exactitude 
que cela. Il faudrait la réduire de 100 milles pour qu’elle se raijproche des 
autres et fasse 280.880 mètres. 

L’Itinéraire d’Antonin donne pour le trajet de la distance Péluse-Daplmé- 
Héliopolis 98 milles romains. Il est vrai que ce trajet est plus direct et plus 
court que le détour du fleuve avec ses sinuosités, mais néanmoins il est diffi¬ 
cile d’admettre qu’il y ait une telle différence entre cette mesure et celle de 
Pline. Quant aux deux autres, leur différence n’est pas sensible. 


Mémoires de VInstitut Égypte, t. IV. 


3 













il 


CHAPITRE IV. 


LA BRANCHE TANITIQUE. 

Cette branche, d’après Hérodote qui la dénomme Saïtique, prenait nais¬ 
sance de la Sébennytique, et d’après Strabon, de la Phatmétique, toutes les 
deux la branche actuelle de Damiette; ceci sera expliqué plus tard dans le 
chapitre de la branche Phatmétique. 

Elle commençait près d’Athribis, maintenant Tell Atrib, au nord de Benlia, 
et n’était autre que le BahrMoës actuel, passant par Mina el-Kamh, Zagazig, 
Horbeït (anciennement Pharbætos que Pline cite parmi les villes renommées 
situées sur les branches du fleuve) et Kafr Sakr, jusqu’à son terminus; de là 
la branche suivait le cours du Masraf Bahr el-Meshraa, passant devant San el- 
Hagar (Tanis anciennement, de laquelle dérive son nom), traversait le lac 
Menzaleh et se jetait dans la mer à 0 mm Fareg à 20 kilomètres à l’est de 
Port-Saïd. 

Ceci est à peu près le trajet de Du Bois-Aymé, sauf en ce qui concerne le 
tronçon Tell Hawin-Horbeït auquel il fait faire une déviation par El-Kanayat 
et Fassouka que nous marquons par une ligne pointillée sur la carte, c’est à 
cela que nous nous référions dans le chapitre de la branche Pélusiaque. 

Il ne fait faire cette déviation qu’afin de parer à l’inconvénient que nous 
signalions dans le chapitre de ladite branche, qui était celui de la faire passer 
à l’ouest de Bubaste, et par cela de la rapprocher à la confondre avec la pré¬ 
sente, et c’est pour éviter cette difficulté qu’il se voit obligé de faire faire ce 
détour. Mais notre tracé de la branche Pélusiaque annule totalement cet 
inconvénient, et permet de maintenir la branche Tanitique dans le cours du 
Bahr Moës, qui était le vrai lit de ladite branche, sans qu’on soit obligé de 
recoui’ir à une déviation dans un cours d’eau tout à fait secondaire (pl. VIII). 


3. 














CHAPITRE V. 


LA BRANCHE MENDÉSIENNE. 

Cette branche, comme la Taniticpe, dérivait, d’après Hérodote, de la 
Sébennytique, et d’après Strabon, de la Phatmétique. 

Du Bois-Aymé la place dans le Bahr Séghir, mais cette position l’éloigne 
trop de la ville de Mendès (Tell Rob actuellement), de laquelle elle tirait son 
nom; il ne la place dans ce canal que parce qu’il croit trouver Mendès près 
d’Ashmoun el-Romman (voir pl. 1 ). 

De prime aboi’d, j’avais placé cette branche dans le cours du canal Bouhieb 
puis celui d’El-Shuvvan; mais après l’examen du plan avec courbes de niveau 
du Ministèi’e des Travaux publics, j’ai constaté qu'il y avait une élévation au 
sud de ce canal qui répondrait mieux au cours de cette branche. Cette élévation 
part du village de Kafr Gohannami à 3 kilomètres au sud de Mit Ghamr, et 
marche à peu près parallèlement au canal Bouliieh, puis le traverse à Kafr 
Mohamed el-Shinnawi et se réunit au canal el-Shuwan (voir pl. XII). 

De ce point la branche devait suivre le cours de ce canal qui passe entre 
Tell Timai el-Amdid (Thmuis anciennement) et Tell Rob (Mendès), sépa¬ 
rant ainsi les deux villes jusqu’à la jonction de ce canal avec le Masraf el- 
Nizam; ensuite il devait suivre l’ancien canal el-Basseradi, marqué sur la 
carte de l’Expédition française et inexistant actuellement, puis rejoindre le 
Bahr Séghir à Bérimbal, le suivre jusqu’à Menzaleh, traverser le lac de ce 
nom, et se jeter dans la mer à El-Diba. 



















CHAPITRE VI. 


LA BRANCHE PHATMÉTIQUE. 

L’étymologie du nom de cette branche provient, ainsi que le dit très juste¬ 
ment Quatremère, des mots coptes fha et mi, qui veulent dire ft chose du 
milieux; sa bouche étant au milieu des sept, elle répond parfaitement à cette 
dénomination. 

% 

Cette branche, du temps d’Hérodote, n’existait pas comme telle, mais était, 
d’après sa description, un canal creusé par la main de l’homme, qui s’appelait 
Bucolique, et qui, partant de la branche Séhennytique, au-dessous de Saman- 
noud, suivait la branche actuelle de Damiette jusqu’à la mer. 

Strabon la place au troisième rang des branches du fleuve, et la fait partir 
du sommet du Delta, c’est-à-dire exactement de l’endroit où Hérodote fait 
partir la Séhennytique, et la compose de la branche actuelle de Damiette. 
Elle avait donc, dans la période entre les deux auteurs, de simple canal qu’elle 
était, absorbé la partie de la Séhennytique de Samannoud au sommet du Delta 
actuel, s’était substituée à cette dernière pour la troisième place en impor¬ 
tance dans les branches du fleuve, et l’avait réduite à s’en faire un simple 
tributaire. 

L’explication de ce phénomène est que cette branche, ayant une pente 
plus grande et un alignement plus droit, par rapport au courant, que la Sében- 
nytique, a gagné graduellement en importance ce quelle lui a fait perdre, et 
l’a réduite à l’état où elle était alors, au moment de la visite de Strabon, et 
à ce qu’elle est aujourd’hui. 














CHAPITRE VIL 


LA BRANCHE SÉBENNYTIQUE. 

Cette branche, d’après Hérodote, était la troisième en importance des 
branches du fleuve; dérivant du sommet de l’ancien Delta, elle suivait le 
cours de la branche actuelle de Damiette jusqu’à Samannoud (anciennement 
Sébennytus, de laquelle elle empruntait son nom), puis tournait légèi'ement 
à gauche au-dessous de cette ville, suivait le cours du Bahr Tira en passant 
devant Hamoul, traversait le coin est du lac Bourollos et se jetait dans la 
mer à l’embouchure de ce lac. 

Au temps de Strabon, cette branche, à mon avis et pour les raisons énoncées 
dans le chapitre de la branche Phatmétique, ne se composait que de la dévia¬ 
tion de Samannoud à la mer. 

Du Bois-Aymé, dans son Mémoire, est d’accord pour la situation décrite 
par Hérodote, telle que nous la mentionnons. Pour celle de Strabon, outre 
la partie que nous citons, il lui adjoint une partie supérieure qu’il forme du 
Bahr Shibin actuel, du village d’El-Karineïn, sur la branche de Damiette, 
jusqu’à Samannoud. Outre qu’il n’y a rien dans Strabon qui confirme cette 
hypothèse, elle me paraît tout à fait improbable pour la raison suivante : 
Hérodote et Strabon étaient de sim|)les voyageurs dans le pays; il ne leur 
apjiartenait pas de transférer le nom d’un cours d’eau à un autre, ces chan¬ 
gements de noms étaient du ressort des habitants du pays même. Or, il est 
prouvé d’une façon indéniable que le cours supérieur de la Sébennytique 
d’Hérodote était celui de la Phatmétique de Strabon; la raison de ce change¬ 
ment a été expliquée dans le chapitre de la branche Phatmétique. Ceci étant, 
il semblerait plus logique que les habitants du pays, vu l’absorption par cette 
dernière branche et sa formation en un seul cours de tout ce qui était au- 
dessus d’elle, lui aient attribué le nom de la branche absorbatrice, en restrei¬ 
gnant le nom de la Sébennytique à sa partie inférieure qui était devenue 
tributaire de la Phatmétique, plutôt que de transférer le nom de sa partie 
supérieure à un autre cours d’eau; tel est mon avis sur ce sujet. 

Mémoires de VInstitut d^Egypte, t. IV. 4 


















CHAPITRE VIII. 


LA BRANCHE BOLBITINE. 

Cette branche dérivait de la Canopique à Zawiet el-Bahr, et suivait la 
branche actuelle de Rosette jusqu’à la mer. Elle tirait son nom de la ville de 
Bolbitine (Rosette actuellement). 

Mahmoud pacha, dans son Mémoire, l’a fait passer, à tort, après Atfeh, 
par Disieh et Lakanah pour se joindre'à la Canopique près de Teh el-Baroud, 
se basant sur ce que Strabon aurait dit que Sais était à deux schœnes du 
fleuve, mais il ne remarque pas suffisamment que le passage en question con¬ 
cerne la Canopique et non cette branche. D’ailleurs Pline cite cette ville parmi 
les plus renommées situées sur les branches du fleuve, se référant sans doute 
pour ceci à la Bolbitine. 

Au temps d’Hérodote cette branche n’était, d’après sa description, qu’un 
canal creusé par la main de l’homme, et ce n’est qu’à l’époque de Strabon 
quelle est citée comme branche, puis, pour les mêmes raisons signalées pour 
la Phatmétique, celle-ci dessécha la Canopique, et se substitua à elle. 


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CHAPITRE IX. 


LA BRANCHE CANOPIQUE. 

Cette branche prenait naissance, ainsi qu’il a été dit, au sommet de l’ancien 
Delta et était la plus importante de toutes celles du fleuve. Suivant Aristote, 
elle était la seule naturelle, toutes les autres ayant été creusées par la main 
des hommes pour accélérer le dessèchement du Delta. C’était anciennement 
la plus abondante et c’est celle dont les rapports avec la théogonie égyptienne 
sont le mieux constatés; c’était proprement, suivant quelques auteurs, le lit 
du Nil, et, suivant les autres, la branche par excellence. 

Le nom d’Agathos Daimon que lui appliquait Ptolémée en traduisant sans 
doute le nom du pays, et celui de Schetnoufi (bonne branche ou principale 
division) qu’on lui donnait aussi, se trouve confirmer cette opinion. 

C’est à tort que Mahmoud pacha el-Falaki, dans son Mémoire, l’a fait passer 
par Aboul-Gheit, Shalakan, Ahou Rakaba, Menouf et Alkam, sur la branche 
de Rosette; il ne commet d’ailleurs cette erreur que parce qu’il place Momem- 
phis, qui était sur le fleuve, à Menouf à cause de la ressemblance des deux 
noms; mais, s’il avait tenu compte que Strabon a placé cette ville entre Her- 
mopolis et Naucratis, il ne l’aurait pas commise, surtout lui qui place la pre¬ 
mière de ces villes à Abou-Hommos et la seconde à Damanbour ; par conséquent 
cette branche n’a eu et ne pouvait pas avoir d’autre cours, depuis le sommet 
de l’ancien Delta jusqu’au village de Zawiet el-Bahr, un peu au-dessus de 
Neguileh, que le cours actuel de la branche de Rosette. 

Zawiet el-Bahr veut dire en arabe « angle du fleuves. Comme c’est de ce 
point que la branche Canopique déviait à l’ouest et formait un coude, il se 
pourrait fort bien que cet endroit fut nommé de cette'façon-là à cause de cette 
circonstance. Il est vrai que la partie de cette branche se dirigeant vers l’ouest, 
avait cessé d’exister avant l’invasion arabe, mais il se peut très bien que le 
nom soit resté et ait été arabisé au moment de ladite invasion; n’avons-nous 


















— 30 — 


pas devant nous l’exemple de Péluse qui veut dire et boue n en grec, et qui 
s’appelle Tineh aujourd’hui, lequel signifie boue en arabe? 

Arrivé à ce village de Zawiet el-Bahr, il nous faut maintenant déterminer 
l’endroit qui, vu sa position établie d’une façon certaine sur la branche Cano- 
pique, en est le plus rapproché; or nous trouvons que c’est la ville de Naucratis. 

Cette ville, qui se trouvait sur la branche ayant été déterminée d’une façon 
définitive à Kom Gaïef, près de Nebeira, il s’agit de voir s’il existe un cours 
d eau reliant ce point à la branche de Rosette, anciennement Ganopique, et, 
en cas d’existence, on peut être assuré qu’il occuperait le lit de l’ancienne 
branche, car ni la pente du terrain, ni la direction des cours d’eau n’ont 
varié depuis les anciens temps jusqu à nos jours. 

De 1 examen de la carte de la région, il ressort qu’il existe un canal impor¬ 
tant nommé Ahou Diah, lequel, partant de la hranche de Rosette à Zawiet 
el-Rahr, arrive et passe à l’ouest de Kom Gaïef (Naucratis); cette position cor¬ 
respond exactement à celle que Strahon donne à la hranche Ganopique par 
rapport à Naucratis dans le passage suivant de son ouvrage (livre XVII, § 28) 
sur le trajet qu’on fait en remontant ladite hranche de Schédia à Memphis : 
ffA gauche, maintenant, dans le Delta, on aperçoit sur le fleuve même Nau¬ 
cratis Le canal Ahou Diah passant à l’ouest de Naucratis, toute personne qui 
le suivrait pour remonter vers Memphis aurait la ville à sa gauche. 

Geci, à mon avis, constitue une preuve indéniable cjue ce canal occupe le 
lit de l’ancienne hranche Ganopique. Une autre preuve venant démontrer 
1 exactitude du tracé proposé est la suivante. Le Ministère des Travaux publics 
a en projet l’exécution d’une grande voie de navigation et d’irrigation à travers 
le Réhéra jusqu’à Alexandrie. Lorsque le nivellement de la province fut fait, il 
fut reconnu que le canal Ahou Diah avec les terrains le bordant étaient plus 
élevés et plus fertiles que ceux de la région et y formaient une sorte de bosse. 
Ge phénomène est commun en Égypte dans tous les emplacements occupés 
par les cours d’eau, à cause du limon qu’ils charrient et qu’ils déposent en 
plus grande quantité sur les terrains les avoisinant, au détriment de ceux 
qui en sont éloignés. Gette élévation du sol et sa fertilité constituent donc 
une autre preuve du passage de cette hranche dans ladite région. Étant sur 
cette piste, suivons-la. 

Ge canal, après Kom Gaïef, continue jusqu’au village de Gambaway ; à partir 


— 31 


de ce point, son cours, ainsi qu’il est marqué sur l’Atlas de la Description de 
l’Egypte, se prolongeait anciennement dans la direction de Damanhour en 
côtoyant le village d’El-Awaga à l’est, puis passant entre ceux de Tarabamha 
et Dessounès, laisse Karakès à sa gauche et arrive à Damanhour (Hermopolis 
parva), que Strabon nous dit être bâtie sur le fleuve même. 

Des doutes ont surgi chez certains savants, et entre autres chez M. Ev. 
Rreccia, Directeur du Musée d’Alexandrie, au sujet de l’emplacement d’Her- 
mopolis parva à Damanhour, mais à mon avis la ville devait s’y trouver pour 
la raison suivante : h’Itinéraire d’Antonin nous donne 2 0 mill es romains, soit 
35 kilom. 1/2 entre Ghereu (Karioun) et Hermopolis (Damanhour); or la 
distance entre ces deux villes, en suivant la branche Ganopique telle quelle 
est tracée sur ma carte, et qui devait certainement être la voie suivie entre 
ces deux points et à laquelle se réfère ledit Itinéraire, se trouve être de 36 
kilom. 1/2. On verra par ces chiffres qu’il est difficile de la déplacer de Da¬ 
manhour. .le ferai remarquer ici que la distance de Ghereu à Alexandrie, 
d’après ledit Itinéraire, se trouve être exacte actuellement, comme suit : de 
l’emplacement de la Porte Ganopique, en suivant l’ancien chemin de Rahma- 
nieh; tel qu’il est marqué sur la carte de l’Expédition française, jusqu’au coude 
que fait le canal Mahmoudieh au kilomètre 63 , 5 00, à l’est du pont de Hagar 
Navvatieh, pour se diriger vers Kafr el-Dawar, nous avons 55 00 mètres; et 
de ce point, en suivant le canal Mahmoudieh puis le tronçon délaissé de 
l’ancien canal d’Alexandrie jusqu’en face de Karioun, 24 . 5 oo mètres; soit un 
total de 3 o.ooo mètres, contre 20 milles romains, soit 29.600 mètres, d’après 
VItinéraire d’Antonin. 

Après ce point, la branche Ganopique devait suivre l’ancien canal de Da¬ 
manhour marqué ainsi sur l’Atlas de la Description de l’Egypte, et dont l’em¬ 
placement est occupé actuellement par la route agricole de Damanhour à 
El-Atfeh, jusqu’à sa jonction avec l’ancien canal d’Alexandrie près du village 
d’Aflaka. 

A partir de là, ladite branche suivait le cours de cet ancien canal (qui est 
autre que le Mahmoudieh) jusqu’à Karioun et Schédia, autre point indiscuté 
près duquel passait la branche Ganopique. Dans toute la région il ne peut y 
avoir d’autre cours possible à cette hranche que celui de ce canal. En efl’et, 
le rehaussement du sol sur ses bords, sa plus grande fertilité, les amas de 













— 32 — 


décombres et les anciens koms sur son parcours, ajoutés au fait qu’il relie deux 
points se trouvant, d’une façon incontestée, sur ladite branche, constituent 
des preuves irréfutables qu’il servait de trajet à ce grand bras du fleuve. 

Il est intéressant de noter ici que Mahmoud pacha el-Falaki, dans son 
Mémoire sur l’antique Alexandrie, dit qu’à Schédia et Karioun le fleuve faisait 
un coude vers l’est, se basant sur le passage suivant de Procope : ff C’est là 
(à Karioun) que commençait le canal d’Alexandrie et que le fleuve tournait 
à gauche, quittant le pays Alexandrins; or il suffit de jeter un coup d’œil sur 
la carte ci-jointe pour s’assurer que ce coude existe dans le cours de l’ancien 
canal après le point de départ de celui qui allait à Alexandrie. 

Après'Schédia (actuellement el-Nacbou el-Bahri), ainsi que le dit Mahmoud 
pacha, le fleuve suivait le cours de l’ancien canal Edkawieh, en laissant Kom 
Mazin à sa droite. Suivant après le léger relèvement du terrain qui sépare 
le lac d’Aboukir de celui d’Edkou, et qui répondait certainement à l’ancienne 
branche, dont les bords, suivant la loi ordinaire de ce genre de phénomènes, 
devaient être, par l’effet des alluvions, un peu plus élevés que le sol, à une 
certaine distance de part et d’autre, il passait ensuite entre Kom el-Dahab 
et Kom el-Tarfaya, et arrivait à la mer à Kom el-Abmar, actuellement appelé 
Tabieh el-Hamra, à cause du fort qui y a été édifié. 

Mahmoud pacha dit avec raison que cet emplacement est celui de l’ancienne 
ville d’Héracleum, qui se trouvait à l’embouchure du fleuve, et où, d’après 
Hérodote, il y avait un temple d’Hercule où il n’était plus permis de saisir 
l’esclave fugitif de n’importe quel maître, s’il recevait les stigmates divins, et 
se donnait au dieu. 

Gomme preuve à l’appui de son assertion. Mahmoud pacha mentionne dans 
son Mémoire, p. 79, le passage suivant : 

ffLes sondages exécutés dans la rade d’Aboukir, par M. Larousse, vers 
l’année 1869, ne laissent aucune incertitude sur l’emplacement de la bouche 
Canopique du Nil au pied de la colline Koiu el-Ahmar : le lit de l’embouchure 
du fleuve se voit, en effet, marqué au fond des eaux de la rade, par deux 
bas-fonds qui, s’étendant du Kom û-MnmaT jusqu’auprès de file d’Aboukir, sur 
une longueur de 6 kilomètres environ du sol actuel, conservent entre eux 
encore le canal de l’embouchure 6 ou 7 mètres au-dessous des eaux, tandis 
que les deux bas-fonds ne sont qu’à 2, 3 ou A mètres au-dessous des mêmes 


— 33 — 


eaux. Ces bancs sous-marins sont naturellement formés par le limon du Nil, 
semblablement aux bancs qu’on voit formés maintenant aux embouchures 
actuelles du fleuve et qui s’avancent dans la mer de plus de 6 kilomètres, 
formant ainsi deux caps au delà de Rosette et de Damiette. Les bas-fonds de 
la bouche Canopique ont dii être autrefois au-dessus du niveau de la mer 
et former conséquemment, avec la côte jusqu’au cap d’Aboukir, une sorte de 
port pour la ville de Ganope. 

Le prolongement de cette branche dans la mer jusqu’auprès de l’île d’A¬ 
boukir est entièrement confirmé par Pline, dans le passage suivant (liv. V, 
8 3 A) : 

rrDes îles en face de l’Asie, la première est dans la bouche Canopique du 
Nil; la seconde est le Phare, unie par un pont à Alexandrie. 

L’ile, actuellement, est à 11 kilomètres du rivage, et il est évident que ces 
mots ffdans la boucher voulaient dire quelque chose de plus près que cette 
distance; il serait même douteux si celle de 5 kilomètres qui resterait après 
le prolongement des 6, pourrait s’appliquer convenablement à cette descrip¬ 
tion. Il est vrai qu’Hérodote nous dit que le temple d’Hercule était sur le 
rivage, mais ceci n’a rien de contradictoire à ce qui est dit précédemment, 
car il pouvait très bien se trouver sur le rivage du golfe formé par le prolon¬ 
gement de la branche dans la mer. 

On conçoit maintenant aisément, après la description mentionnée plus 
haut, pourquoi cette branche portait le nom de Canopique, car, à part sa 
proximité de la ville, elle lui procurait un avantage réel en servant de brise- 
lames à son port; autrement, si la bouche se fut arrêtée sur le rivage actuel, 
il eut été bien plus logique de restreindre son nom à ceux de Naucratique ou 
d’Héracléotique, comme le font certains auteurs. 

Quant aux causes qui ont fait disparaître cet avancement dans la mer, on 
pourrait en invoquer deux : 

L’affaissement du sol sur le littoral qui a été la cause de l’engloutisse¬ 
ment d’une partie de la ville de Canope sous les eaux de la mer. 

2° Par suite du manque d’appoints de limon causé par le dessèchement de 
la branche, l’action des eaux de la niera fini par ronger et faire disparaître 
tout ce qui était au-dessus d’elles. 

Mémoires de VInstitut d’Egypte, t. IV. 5 












— 34 — 


11 est intéressant de comparer ici les mesures que les auteurs anciens nous 
donnent sur cette branche de la mer au sommet du Delta avec celle trouvée 
par le trajet du présent mémoire; elles sont comme suit : 


Strabon. 28 schœnes x 8662 mètres = 242.266 mètres. 

Pline. 1 46 milles rom. X i 48 o — ==216.080 — 


Le tracé du présent mémoire 2/12.000 mètres, y compris le prolongement 
de 6 kilomètres dans la baie d’Aboukir. 

Pour la distance de la bouche à Alexandrie, Strabon nous dit ; «Une dis¬ 
tance de i 5 o stades sépare la bouche Ganopique de l’île de Pharosii. Par Pile 
de Pharos il entend incontestablement le Phare, car faisant partir son mesu¬ 
rage de la bouche vers l’île, il devait s’arrêter à sa première partie qu’il ren¬ 
contrait et qui était la pointe orientale sur laquelle était érigé le Phare. Ce 
n’était pas la ligne droite qu’il employait ici, car il nous l’aurait dit, comme 
il le fait pour le trajet du Catabathmus au Parætonium, ni la route de terre, 
qu’il nous aurait décrite ainsi qu’il le fait pour le trajet de Canope à Alexan¬ 
drie. Cela ne pouvait donc être que la voie de mer entre les deux points, 
ainsi qu’il est marqué sur la carte ci-jointe. 

La mesure de ce parcours se trouve être de 28.900 mètres, et les i 5 o sta¬ 
des, à raison de 192 m. 27 cent, le stade, font 28.8/10 mètres, soit une diffé¬ 
rence tout à fait insignifiante de 60 mètres. 

Le passage que nous avons déjà cité de Pline et qui dit : «Des îles en face 
de l’Asie, la première est dans la bouche Ganopique du Nil; la seconde est le 
Phare, unie par un pont à Alexandrie n, nous est aussi une assurance de l’exac¬ 
titude de la position que nous donnons à cette bouche à cause de sa proximité 
de l’île d’Aboukir, car les deux îles mentionnées par cet auteur n’ont pas chan¬ 
gé de place depuis son époque jusqu’aujourd’hui. 

Quant à Pline, il nous dit qu’il y a 12 milles romains de la bouche Canopi- 
que à Alexandrie; ceci, à première vue, constitue une différence énorme avec 
Strabon; mais après l’explication que nous allons donner, on se rendra compte 
de la raison. 

Strabon, en donnant son mesurage, nous fixe deux points spécifiques de cha¬ 
que côté que nous sommes obligés de respecter; Pline, ainsi qu’il le dit, fait 
partir le sien de la bouche, et ne fixant aucun point du côté de la ville auquel 


35 — 


il se terminerait, nous nous trouvons dans l’obligation de l’arrêter à la première 
limite de la ville. Or les 12 milles font 17.760 mètres, et nous trouvons de la 
bouche à la limite de Nicopolis, telle quelle est marquée sur la carte de Mah¬ 
moud pacha el-Falaki, 17.650 mètres, différence insignifiante qui pourrait 
disparaître si la limite est de ce quartier s’étendait un peu moins dans la 
direction de la bouche. Nicopolis, quoique comptée parmi les faubourgs de 
la ville, lui était contiguë, ainsi qu’on le verra par la description suivante de 
Strabon : 

ftAu delà de la porte Ganopique est l’Hippodrome, qui donne son nom à 
tout un faubourg s’étendant en rues parallèles jusqu’au canal dit de Ganope. 
Puis on traverse l’Hippodrome et l’on arrive à Nicopolis, nouveau centre de 
population qui s’est formé sur le bord même de la mer et qui est devenu déjà 
presque aussi important qu’une ville. « 

Gomme Nicopolis s’étendait de la mer jusqu’au canal, ainsi que l’Hippo¬ 
drome, elle formait avec ce quartier, de la façon que le décrit Strabon, un 
seul bloc avec la ville, et constituait une barrière à toute ligne de mesurage 
qui venait de la bouche vers la ville. G’est à ce point donc que s’arrêtait le 
mesurage de Pline. 

Quant aux mesurages que nous donnent ces deux auteurs, ainsi que celui 
que nous trouvons actuellement entre les deux bouches Pélusiaque et Gano¬ 
pique, c’est-à-dire la base de l’ancien Delta, les voici ; 


Strabon. i 3 oo stades x 192 m. 27cent. = 25 o kilomètres. 

Pline. 170 milles x i 48 o mètres.. . =262 — 

Actuellement. 268 — 


Notre ligne de mesurage suit le littoral entre l’emplacement des deux bou¬ 
ches, mais arrivée à la hauteur des embouchures de Damiette et de Rosette, 
elle laisse en dehors les deux promontoires engendrés par elles, et qui cer¬ 
tainement n’existaient pas à ce moment-là, et passe au nord des deux villes. 

Je joins à ce mémoire la carte des environs d’Alexandrie jusqu’à Daman- 
hour, accompagnant le Mémoire sur l’antique Alexandrie, par Mahmoud pacha 
el-Falaki; on y verra que son tracé de la branche Ganopique diffère totale¬ 
ment du mien entre Damanbour et Abou Hommes. Gette carte ne m’est 
tombée entre les mains qu’après avoir établi le mien que je maintiens comme 

5 . 






















36 — 


étant ie vrai. Je puis affirmer de la façon la plus positive qu’il n’y a, sur le 
trajet de son tracé, aucun indice qui puisse révéler le passage d’une branche 
aussi importante que celle-ci (pl. II). 

La thèse mise en avant par M. Pdinders Petrie, d’après certains auteurs, 
comme quoi le cours d’eau auquel se réfère Strabon, et qui passait à l’ouest 
de Naucratis, serait un canal qui allait à Memphis, et non la branche Cano- 
pique, ne semble pas être fondée. 

En effet, d’après ce que nous apprennent les anciens auteurs, la ville devait 
se trouver sur ladite branche. 

Voici ce qu’ils rapportent : 

Hérodote nous dit : ce Naucratis était autrefois le seul marché de l’Égypte , 
il n’y en avait point d’autre. Si quelque navigateur remontait une autre bou¬ 
che du fleuve, il devait jurer que ce n’était pas volontairement. Après ce ser¬ 
ment il fallait qu’il gagnât par mer la bouche Ganopique.n Donc pour aller à 
Naucratis il fallait remonter la branche Canopique. 

Diodore de Sicile ne nous dit rien à ce sujet. 

Strabon commence en disant: «en remontant depuis Sebédia dans la di¬ 
rection de Memphis::. Schédia étant sur la branche Canopique, c’était cette 
voie qu’il suivait, car un peu plus loin il nous dit : «Hermopolis est bâtie 
sur le bord même du fleuve::, puis après : «à gauche maintenant, dans le 
Delta on aperçoit sur le fleuve même Naucratis::. Dans le cas où l’on aurait 
des doutes sur la nature du cours d’eau qu’il suivait, fleuve ou canal, après 
cette description, il me semble que ces doutes devraient se dissiper devant les 
mots «dans le Delta::, car comme c’était la branche Canopique qui limitait 
le Delta à l’ouest, il fallait bien quelle eût la ville à la gauche de celui qui 
remonterait son cours, pour la placer en dedans du Delta. 

En effet, il nous apprend qu’en remontant le Nil (branche Canopique) on 
appelle Libye tout ce qu’on a à sa droite, même les environs d’Alexandrie 
et ceux du lac Maréotis, et Arabie tout ce qu’on a à sa gauche (branche Pélu- 
siaque). 

Pline la mentionne parmi la liste des villes renommées qui ont donné leurs 
noms aux bouches du fleuve ou qui sont situées sur ses bords, ce qui indi¬ 
que qu’elle devait se trouver sur ses rives. 

Ptolémée la place sur le Grand^Fleuve (branche Canopique), vers l’occi¬ 


— 37 


dent. Pour concilier la contradiction entre Strabon et Ptolémée, le philologue 
Mannert interprète «vers l’occident:: dans le sens du rapport de la ville avec 
Sais, c’est-à-dire à l’occident de cette dernière ville. Naucratis était en effet 
dans cette position relativement à Sais. Cette interprétation doit être exacte, 
car dans la liste de cet auteur des villes et des nomes situés à l’est et à l’ouest 
de la branche Canopique, Naucratis est placée avec les premiers. D’ailleurs 
cet auteur se trouve être assez souvent en contradiction avec les autres, et 
il ne semble pas inspirer une grande confiance à Du Bois-Aymé, qui s’exprime 
sur lui de la façon suivante dans son mémoire : 

«Je ne m’attacherai, au surplus, dans cet écrit, qu’à rechercher quelles 
étaient les sept principales branches du Nil au temps d’Hérodote, et j’essaie¬ 
rai de concilier son écrit avec celui de Strabon. J’entreprends ce travail avec 
l’espérance du succès parce que j’ai eu souvent l’occasion de reconnaître sur 
les lieux avec quelle exactitude l’Égypte a été décrite par ces deux hommes 
célèbres. Je n’en dirai pas autant‘de Ptolémée; il faut qu’en réduisant les me¬ 
sures itinéraires en arcs de cercle, ce géographe se soit trompé plus qu’on ne le 
croit communément ou que son omdage ait été fort altéré dans les copies qui 
sont parvenues jusqu’à nous.:: 

Voici aussi ce que M. F. Ll. Griffith dit à ce sujet dans Naukvatis, t. II, p. 83- 

8/i: 

«Il y a encore un point important sur la géographie de Naucratis qui n’a 
pas été réglé jusqu’ici d’une manière satisfaisante : c’est sa position quant à la 
rivière. M. Petrie {Nauhratis, I, p. 3 et gS) imagine une théorie ingénieuse, 
que la cité était à l’ouest de la branche Canopique sur la rive orientale d’un 
canal qui joignait cette branche à une petite distance.:: 

La théorie est très attrayante, car ainsi les divergences des géographes peu¬ 
vent être expliquées par leur confusion de la rivière avec le canal; mais cela 
amène à considérer une autre solution, qui me paraît plus probable. La carte 
de Peutinger marque une route le long de la branche Canopique de Memphis 
vers Alexandrie. La ligne est tirée sur la rive occidentale de la rivière, mais 
seulement, je crois, parce qu’il y avait là un espace vide, elle comprend 
Niciu, qui était certainement sur la rive orientale; ainsi, Naucratis peut aussi 
bien avoir été à l’est, et la route traversait, peut-être à ce point, la rivière de 
l’est à l’ouest. . 













— 38 — 


Le témoignage de Ptolémée est douteux aussi, mais la divergence peut être 
expliquée. Dans le texte, il place Naucratis expressément avec les nomes et 
cités de la rive orientale, mais la décrit comme sur la rivière à l’ouest (l’occi¬ 
dent). La carte préparée et la rivière dessinée par une ligne droite, entre les 
points fixés, Naucratis tombe juste à l’ouest. C’est peut-être la faute du sys¬ 
tème imparfait de cartes, qui peut avoir conduit à l’insertion des mots «d’oc¬ 
cident et d’orient fl dans cette description et dans la suivante. 

Strabon, qui est notre autorité la plus claire, considère évidemment dans 
son esprit Naucratis comme étant sur la rive orientale, ainsi que Ptolémée, à 
ce que je crois. 

L’édition Meinike, de i 853, ne divise pas exactement les paragraphes. La 
cité Ménélaus finit clairement l'énumération des places sur la rive occidentale 
de la rivière, au-dessous de Schédia. De celle-ci je peux dire que Gynécopolis 
(cité des femmes ou des épouses) peut être la même qu’Anthylla et identifié à 
Denshal qui est situé du côté occidental de la voie ferrée, k milles au nord 
de Saft el-Molouk, où il y a une grande butte, quoique rien ne soit visible 
plus avant. Momempliis est peut-être la même qu’Andropolis, et peut vrai¬ 
semblablement être placée à Kom Afrin. 

Après Ménélaus, Strabon tourne de l’autre côté : «Et sur la gauche, dans 
le Delta (le Delta s’étendant entre les deux branches), sur la rivière est Naii- 
cratis, à deux schœnes de la rivière Sais a, etc. De plus, il dit que les Grecs 
fondèrent Naucratis dans le nome de Sais. 

Ces descriptions, particulièrement celle du géographe si précis, Strabon, 
sont d’un plus grand poids que les chartes et cartes très imparfaites de l’é¬ 
poque, et je ne pense pas qu’il soit nécessaire de recourir à la théorie du 
canal, pour expliquer les divergences. 

Je crois que Naucratis était sur la rive orientale de la branche Ganopique 
(existant aujourd’hui dans le petit canal entre Nébireh et Kom-Gaïef), que la 
barrière de la grande clôture conduisait par conséquent à la rivière et non 
pas à un canal, et que les difficultés sont toutes dues aux connaissances vagues 
des copistes du moyen âge. 

M. Petrie a utilisé avec capacité deux témoignages à côté de ceux qui 
sont mentionnés ci-dessus, ce sont : i° la route de l’inondation de Naucratis 
à Memphis, passant près des Pyramides (Hérodote, II, qy). M. Petrie l’iden¬ 


— 39 — 


tifie avec son canal. Sans doute des canaux navigables émergeaient en beau¬ 
coup de points; 2 ° l’existence d’un large bras à sec, à fest de Teh el-Baroud. 
Mais ce bras n’est pas à moins de 7 à 8 milles à l’est de Naucratis, et l’identi¬ 
fier avec la branche Ganopique serait augmenter la portée de l’erreur et la 
confusion dans Ptolémée. 

Quant à la carte de Peutinger, à laquelle se réfère M. Flinders Petrie, 
je pense qu’on ne doit pas accorder une confiance excessive à ce document, 
tout au moins en ce qui concerne l’Egypte; en effet, ladite carte contient de 
nombreuses inexactitudes, dont voici les plus saillantes : 

1 ” La branche Bolbitine prend naissance de la Sébennytique au lieu de la 
Ganopique; 

2 ° La branche Ganopique aboutit à Alexandrie, au lieu de Canope; 

3“ Naucratis est placée sur la lisière du désert Libyque à 1 5 kilomètres à 
fouest de la branche Ganopique, au lieu d’être sur ladite branche. 

Vu toutes ces inexactitudes et après les descriptions aussi exactes que ma¬ 
gistrales que nous font Hérodote et Strabon sur cette question, il me semble 
que ce serait une profonde erreur que de se fier aux renseignements que nous 
donne un document aussi inexact que cette carte. Je crois que tout ce que 
nous disent ces deux auteurs devrait être assez convaincant pour prouver que 
le cours d’eau qui passait à l’ouest de la ville était la branche Ganopique et 
non un canal. 

D’autres considérations que nous allons mentionner ici confirment aussi 
cette manière de voir. 

Autrefois le système hydraulique du pays n’était pas le même qu’aujour- 
d’hui, qui maintient les canaux remplis d’eau toute l’année; à cette époque- 
là, la crue du Nil arrivait, remplissait ses branches et les canaux, en débor¬ 
dait, couvrait tout le pays et le convertissait, d’après les paroles d’Hérodote, 
«en une mern; puis, après cent jours, les eaux se retiraient, et laissaient le 
pays et les canaux à sec pendant la plus grande partie'de l’année. Le peu d’eau 
qui arrivait dans la période entre les crues ne s’écoulait naturellement que 
par les branches du fleuve. 

Donc, vu cette situation, peut-on admettre qu’on ait choisi, pour bâtir une 











— 40 — 


ville de l’importance de Naiicratis, un emplacement sur un canal qui restait 
à sec pendant la plus grande partie de l’année, et que, par ce fait, elle aurait 
eu, pendant cette période-là, ses communications maritimes coupées? ou, 
en admettant même qu’on l’ait ainsi bâtie, aurait-elle acquis l’importance 
qu’elle avait plus tard, dans une pareille position? Je ne le crois pas. N’était-il 
pas bien plus logique de supposer qu’on eût choisi pour cet emplacement les 
bords du plus grand cours d’eau du pays, la branche Canopique, et que ce 
n’est que grâce à cela qu’elle avait acquis cette grande im’portance, qui la 
faisait, d’après le dire d’Hérodote, «le seul marché de l’Égypten ? 11 me sem¬ 
ble qu’on devrait l’admettre. 

Le seul grand canal navigable qui existait à l’ouest de la branche Canopique, 
était celui qui reliait le lac Maréotis au lac Mœris par le Bahr Youssef. Ce 
canal, qui existait en grande partie au moment de l’Expédition française, 
sauf pour la partie entre Khatatbeh et Teirieh, qui était comblée par les sables, 
est marqué sur sa carte sous le nom de Canal d’el-Asara. 11 est aussi marqué 
sur la carte de Géographie de D’Anville faite en lydS ainsi que sur celle de 
l’ouvrage de Maillet, qui fut consul de France à Alexandrie en 1692 . Ce canal 
correspond aux cours des canaux actuels suivants à partir d’El-Lahoun sur le 
Bahr Youssef : 

1 ® Le canal de Giza jusqu’à Kom Abou Radi; 

2 “ Le drain Mouhit depuis Kom Abou Radi jusqu’à Berqash; 

3" Le Rayah Béhéra depuis Berqash jusqu’à Teirieh; 

k° A partir de Teirieh il tourne à l’ouest, coupe le canal Nubarieh depuis 
le kilomètre 5 jusqu’à Dist el-Achraf, puis de là suit le canal el-Hager, ensuite 
il va se jeter dans le lac Maréotis (pl. X). 

Ce canal passe à une distance de 12 kilomètres à l’ouest de la branche 
Canopique, en face de Naucratis, et n’a pas changé de place depuis 120 ans, 
ni certainement depuis les anciens temps; car en Egypte les canaux, ou dis¬ 
paraissent totalement, remblayés par le limon s’ils ne sont pas curés, ou 
bien, s’ils le sont, restent à leur place, le curage se faisant toujours dans le 
même lit. 


— 41 — 


Contrairement aux autres canaux, celui-ci était régi par un régime spécial 
qui y maintenait l’eau toute l’année, et cela par suite de sa communication 
avec le lac Mœris par le Bahr Youssef duquel il recevait ses eaux, et qui 
étaient nécessaires pour y maintenir continuellement la navigation entre le 
lac Maréotis et la Haute-Egypte, ainsi que pour alimenter ce dernier lac de 
la quantité d’eau suffisante pour maintenir son niveau légèrement au-dessus 
de celui de la mer, à l’effet que l’eau qui y était restât douce. 

Ceci était nécessaire aussi afin de permettre aux îles situées au milieu du 
lac d’être habitées et cultivées comme elles l’étaient; les restes de quais que 
j’y ai découverts indiquent clairement que le niveau du lac devait être un peu 
au-dessus de celui de la mer. 

A mon avis, ce n’est que lorsc|ue le lac Mœris a cessé de fonctionner com¬ 
me réservoir que ce canal, restant alors à sec, comme les autres, pendant 
la plus grande partie de l’année, a été envahi par les sables entre Khatatbeh 
et Teirieh, et que le lac Maréotis a été aussi desséché ou ses eaux rendues 
saumâtres et ses îles inhabitables. 

Ce canal passe à environ 5 00 mètres à l’ouest de Mit Rahina, c’est-à-dire 
qu’il touchait Memphis, et certainement il doit représenter l’ancien lit du 
bras du Nil qu’Hérodote nous dit avoir appris des prêtres de Memphis que 
Ménès avait détourné vers l’est, lorsqu’il bâtit la ville. 

Nous avons aussi, par Hérodote, la preuve incontestable de la non-existence 
d’un canal navigable entre Naucratis et Memphis dans le passage suivant : 
ff Quand le Nil est débordé on ne voit plus que les villes au-dessus de l’eau, 
tout à fait semblables aux îles de la mer Égée. Le reste de l’Égypte est devenu 
une mer; les villes seules dominent. Alors on fait les trajets non en suivant 
le lit du fleuve, mais à travers champs. Pour aller de Naucratis à Memphis on 
passe au pied des Pyramides, et ce n’est pas le chemin ordinaire, car on s’y 
rend par la pointe du Delta et la ville de Cercasore. n 

Que nous apprend ce passage, si ce n’est qu’on n’allait en temps ordinaire 
de Naucratis à Memphis que par le lit du fleuve et la pointe du Delta, c’est- 
a-dire la branche Canopique, car c’était sa jonction avec la Pélusiaque qui 
formait ladite pointe, et quon ne faisait le trajet entre les deux villes, ce à 
travers champset non par un canal, que seulement pendant la crue, lors¬ 
que le pays était couvert d’eau et converti en une mer? 

Mémoires de IMnstitut d’Egypte, t. IV. 0 











— 42 — 


De tout ce qui précède on ne peut faire que les déductions suivantes ; 

1° Qu’il n’y avait aucun canal navigable entre Naucratis et Memphis; 

'2° Que le cours d’eau passant à l’ouest de Naucratis était incontestablement 
le fleuve (branche Ganopique), et non un canal. 

La description de cette branche terminée, il serait utile de faire ressortir 
ici que c’est à tort que Lancret, dans son Mémoire sur elle (^Description de 
l’Egypte), l’a fait dériver de la branche de Rosette, au-dessous de Rahma- 
nieh, en y plaçant Naucratis. 

Le passage de Strabon mentionnant la distance entre cette ville et Sais 
aurait dû lui faire comprendre que les deux villes ne se trouvaient pas sur la 
même branche, et que la jonction des deux branches se faisait au-dessus 
d’elles. 

J’ai lu dernièrement, dans le très intéressant mémoire de M. Fourtau inti¬ 
tulé Contribution à l’étude des Dépôts nilotiques, publié dans le tome VIII des 
Mémoires de ^Institut Egyptien, le passage suivant : ce 11 ne serait pas cependant 
téméraire d’admettre une fausse bi’anche du Nil, prolongation peut-être du 
Rahr Youssef et venant déboucher au fond du lac Mariout; le cours capricieux 
du Canal Hagber et certains vestiges entre Kom el-Akhdar et Tel el-Barnou- 
ghi viennent à l’appui de cette opinion 15. 

M. Fourtau avait parfaitement raison de faire cette supposition, car la 
fausse branche dont il parle est exactement le canal que j’ai décrit plus haut. 

En outre, ainsi qu’on le verra sur la carte Tracés des élévations du sol dans le 
Delta, il y avait un autre cours d’eau qui se détachait de la branche Ganopique, 
aux environs de Kom Hamada et, s’acheminant entre ladite branche et le 
canal Hagber, passait au nord de Tell el-Barnoughi et Kom el-Akhdar et se 
jetait dans le lac Maréotis. 


CHAPITRE X. 



LES BRANCHES DE PTOLÉMÉE. 

Les branches que mentionne Ptolémée diffèrent en grande partie de celles 
des autres auteurs, quoiqu’il ne vienne qu’un siècle seulement après eux, et 
que certamement celles qu’ils énumèrent devaient exister à son époque, 
puisque Ammien Marcellin, qui vient deux siècles après lui et qui a visité le 
pays, les cite aussi. Il emploie des noms totalement différents, mentionne 
certaines de leurs branches en totalité, d’autres en partie, d’autres pas du 
tout, et nous parle d’autres qui certainement étaient moindres en importance 
que celles qu’il laisse de côté, mais il conserve aux bouches leurs noms ori¬ 
ginaux; contrairement aux autres auteurs, il divise le Delta en trois parties : 

1“ Le Grand Delta, entre l’Agathos Daimon et l’Athribitique; 

2” Le Petit Delta, entre la Busiritique et la Bubastique; 

3 ° Le Troisième Delta, entre les deux précédents, soit entre l’Athribitique 
et la Busiritique. 

Il paraît être un savant original dans toute l’acception du mot; ses rensei¬ 
gnements n’égalent pas ceux d’Hérodote et de Strabon, mais comme c’était 
un géographe du pays, j’ai cru que mon mémoire serait incomplet si je n’en 
parlais pas, aussi lui ai-je réservé un chapitre et une carte spéciaux (pl. XI). 

Les branches qu’il nous mentionne sont, ainsi qu’il les place, de l’ouest à 
l’est dans le Delta, comme suit : 

1° L’Agathos Daimon. A° L’Athribitique. 

2” Le fleuve Taly. 5 ° La Busiritique. 

3 " La Thermutiaque. 6 “ La Bubastique. 

Nous allons les décrire successivement, en mentionnant le tracé quelles 
suivaient par rapport aux cours d’eau actuels et de ceux des autres auteurs. 



6 . 



















L’AGATHOS DAIMON. 


L’Agathos Daimon est la branche Ganopique, en entier, des autres auteurs; 
nous l’avons déjà décrite, par conséquent il est inutile d’en parler. Ptolémée 
l’appelle aussi Grand Fleuve, et le fait écouler par la bouche Héracléotique. 

LE FLEUVE TALY. 

Du Bois-Aymé et certains auteurs modernes sont sous l’impression que ce 
fleuve est la branche Bolbitine : ceci est inexact en partie, ainsi qu’on va le 
voir par l’explication suivante. 

Dans sa Géographie, Ptolémée donne la même longitude et la même latitude 
à l’endroit de séparation du fleuve Taly de l’Agathos Daimon et à Hermopolis 
parva (Damanhour); il est vrai que les calculs géographiques de cet auteur 
sont loin d’être exacts, mais nous sommes ici en présence d’un fait qui ne 
peut être contesté, et qui est celui-ci : c’est que du moment qu’il donne aux 
deux points la même longitude et la même latitude, cela nous prouve d’une 
façon absolument certaine que le fleuve Taly se détachait de l’Agathos Daimon 
à l’endroit où Hermopolis parva était situé. 

Ceci établi, il nous faut maintenant relier ce point à la branche Bolbitine 
par la bouche de laquelle s’écoulait ce fleuve, d’après Ptolémée. 

Il n’y a aujourd’hui aucun cours d’eau qui relie ces deux points, mais il y 
en a un sur la carte de l’Expédition française qui, sous le nom de canal de 
Damanhour, de cette ville, va rejoindre la branche de Bosette au-dessous de 
Bahmanieh : il doit certainement représenter l’ancien lit de ce fleuve. Dans 
cette position il délimite aussi parfaitement le nome Métélite, que Ptolé¬ 
mée nous dit être le seul nome entre ce fleuve et l’Agathos Daimon. Il est 
impossible de le faire remonter à l’origine de la branche Bolbitine à Zawiet 
el-Bahr, car à ce compte-là il faudrait englober d’autres nomes entre les deux 
branches, ce qui n’est pas le cas, et on manquei'ait le point d’Hermopolis parva. 
Il me semble que tout ce qui précède devrait confirmer aussi que Damanhour 
représente l’emplacement de cette ville; en outre, en donnant au sommet du 
Delta, comme il l’indique, 3o® de latitude et à Métélis (Fouah) 3i°, celle de 
3o”5o' qu’il donne à Hermopolis parva passe à Damanhour. 


Donc, il n’y aurait que la partie inférieure de la branche Bolbitine qui 
aurait fait partie de ce fleuve. 


LA BRANCHE THERMUTIAQUE. 

Cette branche portait aussi le nom de Térénuthiaque, qui dérivait de 
celui de la ville de Térénuthis (Kom Abou Billou, près de Terrana actuelle¬ 
ment). D’après Ptolémée, elle se détachait de l’Agathos Daimon dans le grand 
Delta, et se jetait dans la mer par la bouche Sébennytique. C’est ceci qui a 
probablement fait supposer à Du Bois-Aymé qu’elle était cette dernière bran¬ 
che; mais la Sébennytique n’avait, dans le Grand Delta de Ptolémée, qu’une 
partie de son cours inférieur, tandis que celle-ci y était en entier; nous ne 
pouvons non plus placer la Sébennytique dans le tracé de celle-ci, car les 
branches Tanitique et Mendésienne ne dériveraient plus de la première ou de 
la Phatmétique qui avait pris sa place, ce qui serait contraire au témoignage 
d’Hérodote. 

D’après la description de cet auteur, la Thermutiaque devait se détacher 
de l’Agathos Daimon à un endroit situé au-dessous du sommet du Delta et au- 
dessus du commencement de la branche Bolbitine à Zawiet el-Bahr. Nous 
avons deux repères pour fixer son point de départ : 

i” La longitude de Gi^do' et la latitude de 3o"i5' que Ptolémée nous 
donne de ce point; 

2 ° La position en face de Térénuthis, de laquelle elle dérivait son second 
nom. 

La distance, d’ailleurs, entre les deux points n’est pas grande, à peine de 
6 kilomètres, mais la pré/érence doit être donnée au premier, car en la don¬ 
nant au second, la ville de Nikiou (Zawiet Bazin), métropole du nome Proso- 
pite, ne serait pas enclavée, ainsi que le dit Ptolémée, entre cette branche et 
l’Agathos Daimon, tandis qu’elle l’est avec le premier, qui se trouve être légè¬ 
rement à l’est de Tahawai, sur la branche de Rosette, et, contrairement aux 
lieux de départ des autres branches, la longitude et la latitude de celui-ci 












46 — 


i 

coïncident. La longitude est basée sur celle de 62°, qu’il donne au sommet du 
Delta, et 61° à Hermopolis parva, et la latitude sur celle du même sommet 
et de Métélis. De là cette branche devait aller s’amorcer, par un cours d’eau 
n’existant pas actuellement, au canal Batanounieh, près de Batanoun, le suivre 
jusqu’à Telbant Qeisar, puis rejoindre le canal Kassed et le suivre jusqu’à 
Défrieh. Le cours de ces deux canaux occupe dans le centre du Delta une élé¬ 
vation très prononcée qui indique sans aucun doute le passage d’une branche 
bien plus importante qu’eux, et qui ne pouvait être que celle que nous décri¬ 
vons. Après Défrieh l’élévation passe à l’ouest de Sakha, puis oblique vers l’est, 
et, en suivant son alignement nous tombons juste sur la partie inférieure de 
la Sébennytique par la bouche de laquelle s’écoulait la Thermutiaque. 

Ce cours est le seul possible à cette branche et répond exactement à la 
description de Ptolémée, ainsi que pour la position des nomes que cet auteur 
place entre cette branche et l’Agathos Daimon et qui sont comme suit en 
remontant du nord au sud : 


NOME. METROPOLE. NOM MODERNE. 

Plithéaéote. Bulo. Eblou. 

Cabassite. Cabassa. Chabas. 

Saïle. Sais. Sa el-Hagar. 

Prosopite. Nildou. Zawiet Razin. 


ainsi que celle des nomes qu’il place entre elle et la branche Atbribitique, et 
dont nous donnerons la liste dans la description de cette branche. 


LA BRANCHE ATHRIBITIQUE. 

Cette branche se détachait, d’après Ptolémée, de la Bubastique à o° 5 ' de 
latitude au nord du parallèle du sommet du Delta,, ce qui ferait, d’après 
les degrés de cet auteur, 10 kilom. i[k. En admettant même que ses calculs 
ne soient pas exacts, vu la petite distance la différence devrait être bien 
minime; c’est pour cette raison qu’en fixant son point de départ d’après ladite 
distance, nous pouvons être sûrs de pas nous trouver loin de la vérité. 


— 47 


Ptolémée nous dit que cette branche passait par la ville d’Athribis, de la¬ 
quelle elle tirait son nom; cette description nous oblige à suivre la branche 
Phatmétique jusqu’à cette ville, comme étant le seul cours d’eau qui passait 
devant elle. Ici nous nous trouvons en face d’une des originalités de cet auteur. 
La branche Phatmétique était alors la troisième en importance de toutes celles 
du fleuve; l’ayant suivie jusque-là, il eût été bien plus naturel de la suivre 
jusqu’à la fin, surtout qu’il n’y avait rien qui l’obligeât à l’abandonner; mais 
après Athribis, il dévie à l’ouest par un cours d’eau, n’existant pas à l’heure 
actuelle, pour s’amorcer sur un autre d’une importance secondaire par rap¬ 
port à celle qu’il quittait, soit le Bahr Shibin, pour le suivre jusqu’à sa fin, 
puis le Bahr Bessendileh, pour se jeter dans la mer par une fausse bouche 
appelée Pineptimi par notre auteur. 

Les nomes que Ptolémée place entre cette branche et la Thermutiaque 
sont, du nord au sud, comme suit : 


NOME. MÉTROPOLE. NOM MODERNE. 

Sébennyte Inférieur.. . Pachnamounis. Kom el-Khawaled. 

Xoïte. Xoïs. Sakha. 

Phthemphutlii. Taoua. (dans la région de Tanta). 


Les deux derniers y sont, mais le premier aurait, d’après le Service des 
Antiquités, sa métropole à Kom el-Khawaled, à l’ouest de la Thermutiaque, 
ce qui indique que ce nome devait avoir une partie de son territoire à l’ouest 
de ladite branche. 

A titre de renseignement, je mentionnerai ici qu’il existe, à 12 kilomètres 
au sud de Kom el-Khawaled, un village qui s’appelle Bakhanis — ce nom n’est 
pas arabe et a une ressemblance frappante avec Pachnamounis. 

LA BRANCHE BUSIRITIQUE. 

Le nom de cette branche, ainsi qu’il l'indique, dérivait de la ville de Bu- 
siris, et elle s’écoulait, d’après Ptolémée, par la bouche Phatmétique. Avec cette 






















48 — 


description, à priori on s’imaginerait quelle représente la partie inférieure de 
cette branche, surtout que celle-ci passe devant Busiris (Abou-Sir), de laquelle 
dériverait son nom. Mais ce n’est pas le cas, car avec la liste des nomes que 
Ptolémée place à l’est et à l’ouest de cette branche, il faut chercher une autre 
origine à son nom et un autre cours. C’est ce que nous allons démontrer par 
ce qui suit : 

Cette branche se détachait de la Bubastique. Quant à son point de départ, 
nous n’avons, pour le fixer, que deux indications : 

i" La latitude que nous indique Ptolémée; quant à la longitude, elle ne 
coïncide pas; 

2“ La position du nome le plus méridional de ceux qu’il place entre cette 
branche et l’Athribitique et qui se trouve être le nome Athribite. 

La latitude o"2o' qu’il donne du sommet du Delta fixerait le point de 
départ de cette branche de la Bubastique aux environs du village d’El-Naamna; 
ceci me paraît répondre à peu près à la description de Ptolémée, avec le seul 
inconvénient d’être légèrement bas par rapport à la position du nome Athri¬ 
bite, et sous ce rapport, il eût été préférable de le faire partir d’un peu 
plus haut, voire de Shibin el-Kanater, mais en l’absence d’une justification 
quelconque de pouvoir le faire, nous ferons partir cette branche du village 
d’El-Naamna. 

De là elle devait se diriger vers le nord, par un cours non existant actuel¬ 
lement, et s’amorcer sur le Bahr Mouès (branche Tanitique) à El-Gédaida, 
et le suivre jusqu’à Kafr Sakr, de cette façon se forme l’île de Myecphoris, 
qu’Hérodote nous dit être en face de Bubaste, et qui se trouverait limitée com¬ 
me suit : au sud par la Pélusiaque, à l’ouest par la Busiritique, au nord par 
la Busiritique de Ptolémée ou la Tanitique des autres auteurs, et à l’est par 
les deux canaux de loo pieds de largeur, qui arrivaient, ainsi que nous le 
décrit Hérodote, devant le temple de Bubaste, et ainsi que je l’ai déjà dit, 
devaient provenir chacun de l’une des branches Pélusiaque et Tanitique; puis 
par un cours non existant cette branche devait aller rejoindre la Phatmétique 
entre Clierbine et Faraskour et s’écouler par sa bouche. 

Aucun autre cours n’est possible à cette branche, à cause des nomes que 


Ptolémée place entre elle et l’Atbribitique à l’ouest et la Bubastique à l’est, 
qui sont en remontant du nord au sud pour les premiers : 


nome. métropole. som moderne. 

Onouphite. Onouphis. Mahallet Menouf. 

SéLennyte Sup.. . Sebennytus. Sàmannoud. 

Mendésien. Thmuis. Timaï el-Amdid. 

Busirlte. Busiris. Abou Sir. 

Léontopolite. Léonlopolis. Tell Mokdain. 

Athribite. Athribis. Benha. 


pour les seconds : 


Nessyt. Panéphysis. Achmoun el-Bomman. 

Tanite. Tanis. San el-Hagar. 

Pharbæthite. Pharbætus. Horbéit. 


Ainsi qu’on le verra sur la carte, tous ces nomes se trouvent à leurs places, 
sauf le nome Onouphite, dont la métropole, Onouphis, serait, d’après le Ser¬ 
vice des Antiquités, à Mahallet Menouf, par conséquent entre l’Athribitique 
et la Thermutiacpie. 

Quant à l’origine du nom de cette branche, on verra, par son cours et la 
position des nomes, qu’il est difficile, malgré toute l’originalité de cet auteur, 
de l’attribuer à Busiris (Abou-Sir) sur la branche Phatmétique, de lac[uelle 
elle en était séparée par d’autres nomes. 11 est vrai cpie dans la position géo- 
grapbicpie qu’il donne aux nomes situés entre cette branche et l’Athribitique, 
le Busirite se trouve être le plus méridional de tous, ce qui le mettrait au 
commencement de cette branche, et alors on comprendrait qu’elle portât le 
nom du nome près duquel elle avait son point de départ; mais il n’y a aucun 
nome connu sous ce nom dans cette région, et jusqu’à preuve du contraire, 
nous sommes obligés de considérer la position qu’il donne à ce nome ou com¬ 
me une erreur de calcul de sa part, ou une altération de chiffres dans les 
copies de son ouvrage qui nous sont parvenues; il faut donc chercher autre 
chose. La seule solution qui me paraisse acceptable pour cette question est la 
suivante : il existe dans le markaz de Simbellawin le village d’Abou’l Sir, avec 

Mémoires de VInstitut d’Egypte^ t. IV. 


7 




















50 — 


un kom antique, lequel, d’après le Service des Antiquités, aurait probable¬ 
ment porté le nom de Busiris, et qui se trouve éloigné de la branche de 12 
kilomètres seulement; à mon avis, ce village aurait très bien pu donner son 
nom à cette branche, et cette hypothèse me paraît plus vraisemblable que 
l’autre. 


LA BRANCHE BUBASTIQUE. 

Cette branche est la Pélusiaque des autres auteurs, qui a été déjà décrite; 
inutile donc d’y revenir. 


LA BRANCHE BUTIQUE. 

Outre les six branches que nous avons mentionnées, il en existe une sep¬ 
tième, portant le nom de Butique, que Ptolémée indique et que je n’ai pas 
citée avec les autres parce que je ne la considère pas comme naturelle, à cause 
de son cours, mais elle a dû cei’tainement être creusée par la main de l’hom¬ 
me. Elle coupait le Delta transversalement, avec un cours parallèle au littoral, 
et joignait le fleuve Taly, la Therrnutiaque, l’Athribitique, la Busiritique et 
la Bubastique; on verra qu’un tel cours ne pouvait être créé par la nature : il 
a dû être creusé dans le but de retenir par ses digues les eaux, pendant l’inon¬ 
dation, entre les parties hautes et basses, et aider à accélérer le dessèchement 
des terres, par l’évacuation des eaux de l’inondation. 

Cette branche tirait son nom de la ville de Buto; ceci doit provenir du fait 
quelle avait son point de départ dans le nome Phthénéote, dont la métropole 
était Buto, et qu’elle traversait. 


CHAPITRE XI. 


LES FAUSSES BOUCHES. 

Ayant terminé la description des branches pi-incipales du fleuve, notre mé¬ 
moire serait incomplet si nous ne mentionnions pas les fausses bouches; on 
les appelait ainsi à cause de leur importance moindre que les principales. 

Certains auteurs en mentionnent quatre, mais Pline dit que le fleuve avait 
douze embouchures, y compris les sept principales, quatre fausses bouches et 
une cinquième qu’il laisse sans description, qui seraient, à mon avis, comme 
suit : 

1° L’ouverture du lac Menzaleh dans la mer, à Gémileh, entre les bran¬ 
ches Tanitique et Mendésienne. 

2“ L’embouchure du Bahr Bessendileh dans la mer à l’ouest de la branche 
Phatmétique, appelée Pineptimi par Ptolémée. 

3 ° Une embouchure d’un cours d’eau non existant entre celle mentionnée 
ci-dessus et la pointe du Borollos, appelée Diolcos. 

h° Une embouchure non existante d’un cours d’eau que nous marquons 
sur la carte, répondant au cours actuel des canaux Bagourieh, Koddaba et 
Bahr el-Saïdi. C’est dans ce cours d’eau que Larcher, le traducteur d’Héro¬ 
dote, a cru voir, à tort, la branche Saïtique de cet auteur; mais il faut avouer 
que ce cours a toutes les propriétés que veut lui reconnaître Larcher; il prend 
naissance de la Sébennytique et passe sous Sais, de laquelle il tirerait, d’après 
lui, son nom de Saïtique. Mais, outre le fait que la branche Saïtique d’Héro¬ 
dote coulait à l’est de la Sébennytique, et non à l’ouest comme celle-ci, nous 
avons sur ce point le témoignage de Strabon qui est formel, lorsqu il dit que 
la Tanitique s’appelait aussi Saïtique, ainsi que l’ordre dans lequel il place 


7 - 














— 52 — 


les bouches du fleuve sur la mer; toute autre conjecture sur ce sujet est, par 
conséquent, totalement inadmissible. 

5 “ L’embouchure du canal de Canope, qu’il ne faut pas confondre avec la 
branche Canopique. 

Dans le cas où le nombre devrait être restreint à quatre, c’est ce dernier 
qu’il faudrait supprimer. 


CHAPITRE XII. 


L’EMPLACEMENT DE LA AILLE DE CANOPE. 

L’examen de cette question sort du cadre du présent mémoire, mais con¬ 
naissant la région, étayant été appelé par mes recherches sur la branche Ga- 
nopique à y appliquer les mesurages cités par les anciens auteurs, ayant éga¬ 
lement observé une divergence de vues entre les difl'érents savants dans ce 
qu’ils ont publié sur ce sujet, je me hasarde à exposer ici mes observations, 
espérant qu’elles seront de quelque utilité à la science (pl. IX et XIII). 

Une |)etite description des lieux s’impose d’abord. 

La péninsule d’Aboukir est couverte de ruines d’une étendue considérable, 
que la ligne du cbemin de fer divise nettement en deux parties distinctes 
comme suit : 

1“ La partie orientale donnant sur la baie et ayant comme point central 
le grand monticule de sable sur lequel se trouve le fort de Ramleh; 

2“ La partie occidentale donnant sur la haute mer et ayant comme point 
central le monticule sur lequel se trouve le fort Tewfikieh. 

A ma connaissance, les auteurs qui ont examiné cette question le plus sérieu¬ 
sement sont : 

1° Les savants de l’Expédition française de Bonaparte, et je marque en G‘ 
l’endroit qu’ils préconisent comme emplacement de la ville; 

2° Mahmoud pacha el-Falaki, et je marque le sien en G^. 

Ces deux points ne peuvent souffrir aucun déplacement, car le premier a 
été reporté d’après l’atlas de leur ouvrage, et le second d’après les propres 
déclarations que l’emplacement est vers le milieu de l’étendue de la digue 









— U — 


d’Aboukir, et à la même distance, environ 6000 mètres, de l’extrémité du 
cap d’Aboukir et de la colline nommée el-Kom el-Ahmar, ce qui répond exac¬ 
tement au point que nous marquons. 

A mon avis, les deux ne sont pas justes, mais les savants de l’Expédition 
sont plus près de la vérité que Mahmoud pacha. 

Voici mes observations pour le premier point : 

1” Ils ont eu tort de faire partir leur mesurage du Phare ou du temple de 
Sérapis, car si c’était du premier point, Strabon nous l’aurait dit, comme il 
le fait pour la distance du Phare à la bouche Ganopique; quant au second, il 
me semble difficile d’admettre le départ d’une ligne de mesurage du centre 
d’une ville, à moins que cela ne soit dit d’une façon spécifique; ils ne trouvent 
d’ailleurs, comme ils le disent, que 110 stades et comptent sur les sinuosités de 
la route pour faire disparaître les 10 restants, mais il me semble difficile de 
faire disparaître environ 2000 mètres dans lesdites sinuosités. 

2® Il me paraît absolument inadmissible de placer, comme ils font fait, la 
ville de Canope dans la partie occidentale de la péninsule, et une autre ville 
(Héracleum), dans la partie orientale, au point le plus important, donnant 
sur la baie, entre elle et la bouche. 

Dans ces conditions, certainement ni la bouche ni la branche n’auraient 
porté le nom de Canope, et l’on se serait contenté de les appeler par leurs 
autres noms. 

Quant à celui de Mahmoud pacha, il est placé dans un cul-de-sac que forme 
l’ancienne digue en maçonnerie d’Aboukir, qui a été remblayé par les sables 
de la mer; elle est teintée en jaune sur le plan. Dans cet endroit il n’y a non 
seulement aucune trace de constructions, mais rien n’y fait présager l’exis¬ 
tence d’une ville de fimportance de Canope. 

Strabon, au sujet de cette ville célèbre, nous dit quelle est à 120 stades 
d’Alexandrie par la route de terre. 

La difficulté ici consiste à savoir d’où il faisait partir son mesurage et le 
trajet qu’il suivait. De la façon dont il raconte les choses, on peut en tirer une 
déduction. 11 nous fait une description détaillée du canal et de la manière dont 
le trajet s’y faisait jusqu’à la ville, et c’est au milieu de ce Z’écit qu’il nous 


— 55 


donne la distance entre elle et Alexandrie; on ne peut déduire de cela qu’une 
chose, c’est que si la route n’avait pas quelque rapport avec le canal, il n’au¬ 
rait pas mentionné ladite distance en pleine narration. 

Deux thèses peuvent expliquer l’intercalation de cette incidente ; 

1° Qu’il eût considéré la voie même du canal comme une voie terrestre 
par rapport à celle de la mer, ou 

2“ Que la route ait longé le canal lui-même. 

Je ne vois pas d’autre explication à cette situation. 

Pour la distance, voici ce que nous trouvons. 

Le point où l’ancien canal entrait dans l’ancienne enceinte d’Alexandrie 
correspond, d’après la carte de Mahmoud pacha el-Falaki, au pont de Zulfikar ; 
cet endroit était donc le point terminus ou de départ de la navigation; de là, 
en suivant le Mahmoudieh jusqu’au coude qu’il fait à l’est de Hagar el-Nawa- 
tieh dans la direction de Kafr Davvar, puis le cours présumé de l’ancien canal 
de Canope qui était parallèle au littoral, jusqu’au commencement des sables 
qui couvrent les ruines de la partie orientale, selon le tracé sur la carte ci- 
jointe, on trouve 23 . 5 oo mètres; les 120 stades à raison de 192 m. 27 cent, 
faisant 28.072 mètres, cela donnerait une différence de Û28 mètres; dans le 
cas où l’on ferait pivoter le mesurage à partir de Maamoura, vers la partie 
occidentale, la différence serait plus considérable. Le seul autre lieu duquel 
on pourrait faire partir le mesurage serait la porte Canopique, dont rem¬ 
placement serait à peu près à la bifurcation de la route de Hadra et de celle 
d’Aboukir; de ce point à l’extrémité de notre mesurage il y a 16.800 mètres, 
ce qui est loin de représenter la distance donnée par Strabon ; mais elle se 
rapproche de celle que nous donne Ammien Marcellin, qui dit qu’il y a 12 
milles romains entre Alexandrie et Canope; or cette distance, prise de la porte 
Ganopique, tombe exactement sur le fort de Ramleh, ainsi qu’il est marqué 
sur notre carte, les 12 milles faisant 17.760 mètres et la distance trouvée 
17.760 mètres. 

C’est pour ces raisons qu’à mon avis la ville de Canope ne pouvait avoir un 
autre emplacement que les ruines de la partie orientale de la péninsule 
d’Aboukir. 











— 56 — 

Une autre thèse que je serais disposé à admettre est celie de M. Breccia, 
Directeur du Musée d’Alexandrie, comme quoi la ville occuperait les deux 
parties orientale et occidentale. S’il en était,ainsi, la partie orientale aurait 
pu être la partie commerciale de la ville, et la partie occidentale le quartier 
occupé par les gens aisés. 

C’est après avoir rédigé ce chapitre que j’ai pu obtenir le plan d’Alexandrie 
et ses environs par Mahmoud pacha el-Falaki; on y verra que l’emplacement 
de la ville de Ganope préconisé par lui, est tel que je l’ai placé dans mon 
plan. 


CONCLUSION. 


Ayant appris, après avoir écrit le présent mémoire, sauf le chapitre de 
Ptolémée, qu’il existait au Ministère des Travaux publics un plan avec courbes 
de niveau du Delta, j’ai cru intéressant de le consulter afin de m’assurer de 
l’exactitude des idées que j’avais émises. Mon principe étant que, dans une 
terre d’alluvion comme le Delta, toute élévation existante, de même nature 
que son sol, doit forcément avoir été causée par le passage d’un cours d’eau; 
ces canaux étant les conducteurs charriant le limon qui élève le sol, il s’ensuit 
forcément que leurs eaux en déposent une plus grande quantité sur les terrains 
les avoisinant, au détriment de celles qui en sont éloignées, et provoquent 
par cela ladite élévation. Cette quantité varie naturellement ainsi que l’exhaus¬ 
sement suivant la force et la direction du courant des eaux, ainsi que le volume 
qui en est déposé sur les terrains. 

Ayant donc fait part à S.E. Ahmed Ziwer pacha. Ministre des Travaux 
publics, p.i., de mon désir, Son Excellence a bien voulu donner les ordres 
nécessaires, et je me suis rendu au Ministère, où j’ai été reçu de la façon la 
plus aimable par M. Tottenham, Sous-Secrétaire d’Etat, qui m’a donné tous 
les renseignements que je voulais, avec les explications nécessaires, ainsi que 
des cartes avec nivellement indiqué qui m’ont été d’une grande utilité dans 
mes recherches; je saisis cette occasion pour les remercier très vivement de 
leur grande amabilité. 

L’examen de ce plan m’a donné la grande satisfaction de voir confirmée 
l’exactitude de mes idées sur les points suivants : 

1° La branche Pélusiaque est bien, comme je le pensais, le cours B. C’est 
le vrai cours de cette branche et non le cours A. Il y a, sur le parcours du 
premier, un exhaussement du sol continu qui indique d’une façon incontes¬ 
table que c’était le trajet de cette branche, tandis que dans celui du second, 
il n’y a aucun indice de son passage. 

Mémoires de l'Institut d'Egypte, t. IV. 8 















X 


— 58 — 

2° Pour la branche Tanitique, il n’y a sur la déviation de Du Bois-Aymé 
aucun relief qui indique le passage de cette branche par ce tracé, tandis que 
l’élévation est toute concentrée dans le cours du Bahr Mouès, qui représente 
le vrai lit de la Tanitique. Ceci nous prouve aussi qu’il est impossible que la 
branche Pélusiaque ait pu couler à l’ouest de Bubaste, car l’espace entre cette 
ville et la Tanitique ne suffirait pas a laisser passer une voie d eau aussi impor¬ 
tante sans que les deux branches se confondissent, ce qui n’était pas le cas. 
En effet, les ruines de la ville se trouvent aujourd’hui à une distance de 11 oo 
mètres environ du Bahr Mouès, mais les indices que nous voyons actuellement 
sur le sol nous indiquent qu’elles s’avançaient d’au moins Aoo mètres encore 
dans la direction de ce canal, et il est fort probable que dans l’antiquité elles 
s’avançaient davantage encore; la branche Tanitique devait certainement être 
plus large que le Bahr Mouès et englober une partie de cet espace dans son 
cours. Après cela il est difficile de s’imaginer que ce qui en serait resté aurait 
suffi à laisser passer la branche Pélusiaque. En admettant même qu’elle aurait 
suffi, cette branche aurait côtoyé la ville, et certainement Héi’odote, qui l’a 
décrite avec son temple et les deux canaux provenant du fleuve, n’aurait pas 
manqué de mentionner le fleuve lui-même. 

3 ® Pour la branche Canopique, le plan montre une élévation de sol con¬ 
tinue et très prononcée sur tout mon tracé de cette branche de Zawiet el-Bahr 
à la Méditerranée, et ceci constitue, je crois, la meilleure preuve de l’exac¬ 
titude de ce tracé. 

h° Naucratis est bien sur la branche Canopique et non sur un canal, et la 
ville est située sur la rive est, comme l’indique Strabon, et non sur la rive 
ouest comme on a supposé que Ptolémée le disait. 

I 

.1 ai cru quil serait intéressant de consigner sur une carte spéciale le tracé 
de toutes ces élévations, qui représentent des cours d’eau existants ou dis¬ 
parus. 

Ainsi qu’on le verra sur celle qui est jointe au présent mémoire, ces tracés 
sont marqués par des lignes rouges; il va sans dire que ces cours n’avaient pas 
et ne pouvaient pas avoir la rectitude de ces lignes, qui ne sont tracées que 
pour donner une idée de la direction de l’élévation seulement (pl. XII). 


— 59 


On remarquera que parmi les branches qui ont disparu il n’y a que la 
Canopique seule qui se soit constituée un tracé durable jusqu’à la mer en 
créant le relief du sol entre les lacs d’Edkou et d’Aboukir, tandis que toutes 
les autres s’arrêtent à une certaine distance de la côte au commencement de 
la région des lacs dans le nord du Delta. Ceci doit provenir du fait qu’étant la 
branche la plus importante de toutes et probablement la plus ancienne, elle 
charriait aussi la plus grande quantité de limon qu’elle déposait sur ses bords, 
et a provoqué par là l’élévation du sol entre les deux lacs. 

Les tracés de la carte qui correspondent aux cours d’eau dont les anciens 
noms sont connus sont nommés avec ceux-ci; quant à leurs noms modernes, on 
les trouvera sur les autres cartes. Les cours d’eau dont les noms anciens ne 
sont pas connus sont nommés par leurs noms modernes; quant à ceux qui 
n’existent plus, ils sont sans noms. 

Au cours de ce mémoire, j’ai cjuelquefois critiqué les conclusions de certains 
savants de l’Expédition française; je considérerais ma tâche comme incomplète 
si elle s’arrêtait à ce point sans que je leur adresse les éloges qu’ils méritent, 
si toutefois ma plume en était capable. Certes, au point de vue militaire français 
le résultat de cette expédition a été nul; il en a été tout autrement sur le terrain 
scientifique. Sous ce rapport, la phalange de savants qui accompagnait cette 
mémorable expédition a élevé ce monument indestructible qu’est la Descrip¬ 
tion de l’Egypte, à la gloire de la nation quelle représentait, et dont on ne fait 
aujourd’hui que corriger la superstructure; on peut affirmer sans crainte C|ue 
si l’expédition militaire n’avait été entreprise que pour élever ce monument, 
il a été élevé à bon marché. Lorsqu’on songe au court séjour que ces hommes 
ont fait dans le pays, dont la période disponible a été encore diminuée par 
les hostilités engagées avec les armées ennemies, ainsi que l’insécurité qui 
régnait pour eux dans le pays, où chacun de leur déplacement devait se faire 
avec une escorte armée, on reste en extase et émerveillé devant le travail 
qu’ils ont accompli. Qu’ils me permettent d’adresser ici un hommage respec¬ 
tueux à leur mémoire, ainsi que l’expression de ma profonde admiration pour 
leur œuvre magnifique. 

.Te remercie chaleureusement le Service des Antiquités, M. Breccia, Direc¬ 
teur du Musée d’Alexandrie, et M. .Tondet, Ingénieur en Chef des travaux 
















— 60 — 


r 

rnaiitiiTies (iEgypts, poiii tous les renseignements cjuils m'ont si aimablement 
fournis. 

Je ne puis clore mon travail sans adresser quelques mots d'éloges à la mé¬ 
moire de feu Mahmoud pacha el-Falaki, pour son très intéressant et très utile 
Mémoire sur rantique Alexandrie, en nourrissant le ferme espoir que dans les 
générations futures il se trouvera beaucoup d’hommes de sa trempe, parmi 
mes compatriotes. 


TABLE DES MATIÈRES 


Pages. 

Préface . . y 

Introduction . yii 


Chapitre I. — Les anciennes mesures. i 

Chapitre IL — L’ancien sommet du Delta. q 

Chapitre III. — La branche Pélusiaque... 13 

Chapitre IV. — La branche Tanitique. j q 

Chapitre V. — La branche Mende'sienne. 21 

Chapitre VL — La branche Phatmélique. 2 3 

Chapitre VIL — La branche Sébennylique. 26 

Chapitre VIII. — La branche Bolbitine. 27 

Chapitre IX. — La branche Canopique.. 2 

Chapitre X. — Les branches de Ptole'mée. 4 

Chapitre XL — Les fausses bouches.. . . 5 1 

Chapitre XII. — L’emplacement de la ville de Canope. 53 

Conclusion. 57 


Planche 1 . , 
Planche IL 
Planche III. 
Planche IV. 
Planche V. 
Planche VL 
Planche VIL 
Planche VIIL 
Planche IX. 
Planche X. 
Planche XL 
Planche XII. 
Planche XIII, 


TABLE DES PLANCHES. 

— Carte de Du Bois-Aymé (Description de VEgypte). 

— Carte des environs d’Alexandrie (par Mahmoud bey el-Falaki). 

— Les cinq branches du Nil d’Hérodote (d’après le présent mémoire). 

— Les sept branches du Nil de Strabon (d’après le présent mémoire). 

— L’ancien sommet du Delta (de Du Bois-Aymé, Description de VÈgxjpte). 

— L’ancien sommet du Delta (d’après le présent mémoire). 

— Cours A et B de la branche Pélusiaque et la déviation, d’après Du Bois-Aymé. 

— Déviation de la branche Tanitique (d’après Du Bois-Aymé). 

— Distance entre Alexandrie et la branche Canopique. 

— Canal d’El-Asara, reliant le Bahr Youssef au lac Mariout. 

— Les branches et les nomes de Ptolémée (d’après le présent mémoire). 

— Traces des élévations du sol dans le Delta marquant les anciens cours d’eau. 

— Distance entre Alexandrie et Canope. 


O 






























ERRATA 


PLANCHES III ET IV. 

Au lieu de : Far an a, lire : Farama. 

Au lieu de : Nereira, lire : Nebeira. 

Au lieu.de : Temaï El Amoid, lire : Temaï el-Amdid. 
Au lieu de : Henia, lire : Hehia. 

PLANCHE XL 
Au lieu de : Farana, lire : Farama. 

PLANCHE XII. 

Au lieu de : Balir Faqus, lire : Bahr Belcas. 

Au lieu de : Bahr ïanan, lire : Bahr Tanah. 





















Planche / 



Dessiné parH.Savinten 


































Planche H 

















































































































P!O ne ne IV 



^BALT/M 


FARASKOUR 

Ck 00 


EL HAMUL 


ABOUKÎR 

CAJSrOPE^ 


<0M EL AM MA, 


EL GAMALtA 


ALEXANDRIE 


UM MEFERMlGyÇ 


BBRIMBAL 


PBSOUK 


'EL MAKZALA 


sO^A^/t/N 


ABOU HOMOSa^ 


SHBIKH 


K A FR EL 


K A FR FL DAWA^ 


DE MER NES 


BL GARAWt 

DAMANHOUR 


rELL FA R AN AO 


MANSOURA/ 


® SAIS , 

fsAELHAGAR 


MAHALLA EL KUBRA 


/z. SAN HAGAR 

^^TANIS 


SAMANOUÙ TELL EL ROBA 
æBE^fNYTUS / 


JBA! EL AMO/D 

Û^re/f Temai ^ 
g THMUIS />- 


TELL DAFANA 

DAPHNAK 


TANTAH 


KAFRSAQR 


SANT> 


ff>H0R8EtT 

^HARBAETHt 


MiySHAMR 


y FAQUS 

.t> PHACUSA 


TALA 


HENfA 


^bb/n;^. 
ELMOPP J 


ZAGAZIG 

nellBéta 


ISNAILIA 


'MiT GAHEISH 


QUBSNA 


Mi NA EL QAMH 


MENUF 


QARtNEI 


TURH EL MALAO 


V 

WARDAN^ 


ASMMUN 


SHEBIN BL O 

ÇANATB/^ j 


OA LU 


HBLIOPOLIS 


LE CAIRE 


Ë 


Les 7 Branches 
DE Strabon 

d’après le présent mémoire 


20000 


Échelle 


40000 


mssm 




s> 




0) -w 

rfr 

lié 

14 '' 


PORT SAÎD 




HERMOPOLIS PARVA 


PELTJSE, 


V^AUCFIATI? )) \ 

® Nx i( \ CD 

KOM HAMAD/S^ V.\ \ 


OELiNGAT 


ZAVJiETEL BAHR'^ 

O 


DU Nil 


LACTJMSAH 


MA FR DAOUD» 


EMBABA 


G/ZA 


MEMPHIS 

MiTRAHiNA " 


HBLOUAN 


80000 


lOOOOOO 


GOOOO 

t 


lOOOOOMètres 


Dessiné par F.Zaccar et H. S a vini en 

















































Planche V 
















































Planche VI 


A. L’Ancien Sommet du Delta 

d’après 

Le Présent Mémoire 


Échelle 


50 000 


O 


1000 


2000 


3000 


4000 


5000 Mèt. 



Shubra et Kheima 


Rôd el Farag 



































































Planche VIII 


Déviation 

DE LA Branche Tanitique 

D'APRÈS 

DU BOIS Aymé 



EL QANAYAT 


Tell Hawin 


S)essiné par H. Savinien 





























Planche IX 











































































Planche X 



Eclnelle 


O 

\ _ 


20000 


40000 


lOOO ooo 

60000 80000 lOOOOO Mètres 


D^SSIh/é PAR H. SAV/NJEN 






















Planche XI 



1 























































Planche XII 


Dessiné per E.Zaccar et H.Savinien ' 


Tracés des Élévations du Sol 


DANS LE Delta 

MARQUANT 

LES ANCIENS COURS D’EAU 


ALEXANDRIE 


LAC TIMSAH 


Échelle_L 


lOOOOOO 


20000 

I 


40000 


60000 80000 looooo Mètres 















































Planche XIII